S'il
n'est pas le premier à chanter du rock en France, il
est, en 1960, le premier à populariser le rock 'n' roll
dans l'Hexagone. Après le rock, il lance le twist et
le mashed potato, et, s'il lui est parfois reproché
de céder aux modes musicales, il les précède plutôt
qu'il ne les suit. Les différents courants musicaux
auxquels il s'adonne, rock 'n' roll, pop, rhythm and
blues, soul, rock psychédélique, puisent tous leurs
origines dans le blues, et bien qu'il interprète de
nombreuses chansons dites de variété, de ballades, et
parfois de country, le rock reste sa principale référence.
Son
apport à la scène française est important. D'abord décrié
puis reconnu, il impose sa marque et transforme le tour
de chant traditionnel en un véritable spectacle. En
dehors des pays francophones, s'il ne parvint pas durablement
à s'imposer malgré plusieurs tournées à succès, notamment
en Amérique du Sud, sa réputation d'homme de scène franchit
en revanche les frontières.
Sa
longévité au premier plan, comme ses prestations vocales
et scéniques, lui attirent la reconnaissance de ses
pairs. Depuis ses débuts, il a effectué 183 tournées,
27 rentrées parisiennes et a attiré plus de 28 millions
de spectateurs. Il a enregistré plus de 1 000 titres,
composé une centaine de chansons et vendu 110 millions
de disques. Sa carrière est récompensée par 40 disques
d’or, 22 de platine, 5 de diamant et 10 Victoires de
la musique, pour une discographie officielle qui compte
50 albums studio et 29 albums live. De 2014 à 2017,
il forme avec Jacques Dutronc et Eddy Mitchell le trio
Les Vieilles Canailles.
Enfance
Fils d'Huguette Clerc (1920-2007), mannequin de cabine,
et de Léon Smet (1908-1989), acteur, chanteur et danseur
belge, Jean-Philippe naît à la clinique Villa Marie-Louise
située au 3, cité Malesherbes dans le 9e arrondissement
de Paris, le 15 juin 19436.
À sa naissance, Jean-Philippe ne porte pas le nom
de son père, mais celui de sa mère. Début 1944, Léon
Smet abandonne sa femme et son fils, âgé de huit mois.
À la demande d'Huguette, le couple se reforme le temps
d'un contrat de mariage et d'une reconnaissance en paternité,
le 7 septembre 1944, puis son père part définitivement.
À partir de cette date, l'enfant se nomme officiellement
Jean-Philippe Smet.
Sa mère, coiffeuse puis employée de crèmerie, reprend
après sa naissance une activité professionnelle, celle
de mannequin de cabine pour des couturiers et fait élever
son enfant par sa tante paternelle Hélène Mar, figure
maternelle de substitution, aidée de ses filles Desta
et Menen, devenue la marraine de Jean-Philippe le jour
de son baptême le 10 septembre 1943.
Le 28 mars 1945, le mari d'Hélène, Jacob Mar, est
arrêté pour faits de collaboration, ayant été speaker
et éditorialiste à Radio-Paris, la radio de la propagande
nazie, ce qui compromet la carrière de première danseuse-étoile
des filles d'Hélène. Après-guerre, dans une France marquée
par la guerre et avec un père absent, Jean-Philippe
sera traité de « fils de boche », de « bâtard » ou de
« fils de divorcé », « stigmates sociaux que la légende
de Johnny va (plus tard) récupérer pour les convertir
en signes positifs ».
À trois ans commence pour Jean-Philippe une vie d'enfant
de la balle. Ses cousines sont des danseuses classiques
et, à partir de fin 1946, il vit à Londres durant deux
ans. Desta épouse Lee Lemoine Ketcham, un danseur américain
connu sous le nom de scène de Lee Halliday. Le trio
de danse acrobatique, Desta, Menen et Lee, se produit
à travers l'Europe jusqu'en 1949. Le trio devient ensuite
duo : Desta et Lee se font alors appeler « Les Halliday
».
Lee Halliday, son père de cœur qui est pour lui une
incarnation du rêve américain le surnomme Johnny. Plus
tard, au moment de choisir un nom d'artiste, il optera
ainsi pour le nom de scène « Johnny Halliday » (qui
sera, ultérieurement, modifié en « Hallyday » à la suite
d'une erreur d'imprimerie sur la pochette de son premier
45 tours). Inscrit à l'école des enfants du spectacle,
il suit des cours par correspondance, apprend la danse
classique et, à Paris, suit des cours de théâtre au
Centre d'art dramatique de la rue Blanche et au Théâtre
du Petit Monde ; il apprend le violon qu'il déteste
et finit par échanger, au grand dam de ses aînés, contre
une guitare18. Durant deux ans, où il vit à Genève,
inscrit au conservatoire, il prend des cours de guitare
avec le maître José de Azpiazu, avant que ce dernier,
n'appréciant guère qu'il joue dans les rues des airs
de cow-boy, le renvoie. Dès l'âge de neuf ans, il occupe
la scène pendant les changements de costume du couple,
en chantant des chants traditionnels français ou américains.
Il monte officiellement sur scène, pour la première
fois, le 13 juin 1956 pour la première partie du spectacle
des Halliday, à l’Atlantic Palace de Copenhague, où
il chante La Ballade de Davy Crockett, en s'accompagnant
à la guitare, habillé en cow-boy.
Rentrée à Paris, la famille demeure dans le « quartier
de la Trinité » au 13, rue de la Tour-des-Dames.
Johnny obtient divers petits rôles : il est figurant
dans Les Diaboliques, tourne une réclame pour une marque
de vêtements, participe à la télévision à l'émission
Martin et Martine, où il chante Dans les plaines du
Far-West. À 14 ans, en voyant au cinéma le film Amour
frénétique, Johnny découvre Elvis Presley et le rock
'n' roll. C'est une révélation et, convaincu d'avoir
trouvé sa voie, il décide de devenir rockeur.
Début
(1958-1960)
Johnny
débute avec le soutien de ses proches, notamment de
Lee Halliday, qui le produit. Convaincu que cette musique
peut s'imposer en France, Lee Halliday fait envoyer
d'Amérique, par sa famille, des disques de rock qui
permettent à Johnny de faire son apprentissage de rockeur.
Il devient dans le même temps possesseur d'une collection
de disques alors inconnus en France. Eddy Mitchell affirme
à ce propos : « Johnny avait beaucoup de disques américains
qu'on ne pouvait pas acheter en Europe, ce qui me permettait
d'écouter tout ce que je ne pouvais pas écouter autrement,
si bien qu'on passait souvent des après-midi et des
soirées à écouter Presley, Bill Haley et des tas d'autres
trucs qui n'étaient pas encore disponibles chez nous
».
À
partir de 1958, Johnny fréquente ce qui bientôt devient
le lieu culte du rock français : le Golf-Drouot, d'Henri
Leproux. C'est là qu'il retrouve d'autres copains, futurs
confrères et concurrents : Long Chris, Dany Logan, Jacques
Dutronc et Eddy Mitchell. Sur le tremplin, s'inspirant
de ses idoles, il chante des reprises et adaptations
françaises du répertoire américain en s'accompagnant
à la guitare. À l'Orée du Bois, durant les changements
de costumes de Desta et Lee, Johnny chante Elvis, sous
les sifflets du public. Dès le second soir, il est renvoyé.
Accompagné par Philippe Duval, son premier guitaristeN
8, il cherche à se produire dans divers clubs mais,
partout le scénario est identique : on le refuse ou
il est remercié32. Il obtient ses premiers succès publics
en chantant pour les GIs dans les bases américaines.
Le
30 décembre 1959, il participe à l'émission radio Paris
cocktail de Pierre Mendelssohn, avec en vedette Colette
Renard. Il chante Viens faire une partie. Remarqué par
Jil et Jan, deux auteurs-compositeurs enthousiasmés
par sa prestation, ils le présentent à Jacques Wolfsohn
de la maison de disques Vogue.
«
L'idole
des jeunes »
(1961-1964)
Alors
que de nombreux incidents parsèment toujours ses apparitions
et que plusieurs villes (Biarritz, Bayonne, Strasbourg,
Cannes...) lui ferment leurs portes, Johnny enregistre,
aux studios Fontana à Londres, son premier disque Philips
Viens danser le twist, qui sort le 20 septembre 1961.
Le jour même et jusqu'au 9 octobre, il est le premier
artiste de sa génération à se produire en vedette à
l'Olympia de Paris, où il lance le twist en France.
Pour Noël, sort l'album Salut les copains, titre qui
se veut un clin d'œil reconnaissant à la célèbre émission
radio. La chanson Retiens la nuit s'impose particulièrement
et marque sa carrière. Si ce n'est pas la première chanson
douce du rockeur, écrite par Charles Aznavour et Georges
Garvarentz, elle fait date et lui vaut un regard des
critiques plus clément. Son jeu de scène et les débordements
que provoquent ses apparitions publiques sont toujours
dénoncés, mais on souligne aussi, à présent, ses qualités
vocales et son talent d'interprète. Désormais, il alterne
chansons rythmées et chansons sentimentales, suivant
en cela le conseil de Charles Aznavour, chanteur lui
aussi contesté à ses débuts (25 cm Retiens la nuit).
Au
printemps 1962, il enregistre à Nashville l'album Sings
America's Rockin' Hits, chanté entièrement en anglais.
Jamais encore un tel disque n'a été réalisé à l'attention
du public français, alors peu enclin aux chansons en
langue étrangère et, s'il ne bouleverse pas les ventes,
l'opus obtient un réel succès d'estime et est distribué
dans de nombreux pays (Japon, Royaume-Uni, États-Unis...).
En avril, Johnny reçoit son premier disque d'or pour
Let's Twist Again, avant de retourner aux États-Unis
pour une tournée de promotion, où il participe à plusieurs
émissions dont l'Ed Sullivan Show.
Les
succès s'enchaînent : Laissez-nous twister, Pas cette
chanson, Elle est terrible et surtout L'idole des jeunes,
une appellation qui, désormais, va durablement lui coller
à la peau. Nanti de ce nouveau titre, il investit l'Olympia
du 25 octobre au 12 novembre 1962, où (après le twist),
il lance le mashed potato. Sur le titre La bagarre,
il se met en scène dans une rixe avec des voyous et
sur I Got a Woman, à genoux devant sa guitare, il mime
la scène finale de La Fureur de vivre. Ce second Olympia
est un nouveau succès public et les critiques soulignent
d'évidentes qualités scéniques (Johnny à l'Olympia).
Début 1963, il chante au Palladium de Londres, puis
s'envole pour le Liban pour une série de galas. Arrivé
à Beyrouth, on lui annonce que sa venue crée des troubles
politiques et que les représentations sont annulées.
Indésirable, il rentre en France, où l'incident fait
débat à l'Assemblée nationale.
Pour
le premier anniversaire du magazine Salut les copains,
Europe no 1 organise, le 22 juin 1963, un concert gratuit
place de la Nation, réunissant (notamment), Sylvie Vartan,
Richard Anthony, les Chats sauvages et Johnny Hallyday.
Alors que quelque trente mille personnes sont attendues
par les organisateurs, la manifestation rassemble entre
cent cinquante mille et deux cent mille jeunes. Le retentissement
est considérable et, si le concert lui-même se déroule
sans incidents, des heurts ont lieu en périphérie entre
bandes rivales. Le lendemain et les jours suivants,
dans la presse, le concert passe au second plan, on
ne retient de l'événement que les dégradations et les
interpellations de blousons noirs par la police. Le
quotidien Le Monde, le 6 juillet, publie un long article
du sociologue Edgar Morin dans lequel l'auteur invente
et sacralise l'expression yéyé qui s'impose de facto
pour qualifier cette génération et ses idoles, en raison
des nombreuses onomatopées qui parsèment leurs chansons.
D'onomatopées,
il en est encore question avec le nouveau succès de
Johnny Da dou ron ron, son premier à rester huit semaines
no 1 dans les hit-parades (25 cm Da dou ron ron). La
tournée d'été, toujours mouvementée, crée une nouvelle
polémique après son passage à Trouville, où en ce 14
juillet il interprète La Marseillaise ; ce qui lui vaut
les foudres des anciens combattants, qui l'accusent
de l'avoir chantée en rock. L'initiative fait scandale
et l'incident est commenté au journal télévisé du soir.
Le chanteur est en vedette dans le film D'où viens-tu
Johnny ?. Pour moi la vie va commencer et Ma guitare,
extraits de la BOF éponyme, sont à l'automne deux énormes
succès.
Début
1964, sort le 25 cm Les guitares jouent, enregistré
avec son nouveau groupe Joey and the Showmen. Pour la
première fois, avec Quand je l'ai vue devant moi, il
chante une adaptation d'une chanson des Beatles (I Saw
Her Standing There) et donne dans le country blues avec
Excuse-moi partenaire. Le succès, tant public que critique,
est au rendez-vous de son troisième Olympia, où il se
produit du 6 février au 15 mars. (Johnny Hallyday Olympia)
Il donne encore quelques galas en province, à l'issue
desquels il est incorporé, le 8 mai, au 43e régiment
d'infanterie de marine d'Offenbourg (le chanteur a bénéficié
d'un report d'une année afin de pouvoir honorer tous
ses engagements). Enregistré avant son incorporation,
sort début juillet l'album Johnny, reviens ! Les Rocks
les plus terribles. L'opus entièrement rock 'n' roll,
propose des adaptations de standards américains. L'armée
profite du passage dans ses rangs pour dix-huit mois
de la célèbre recrue pour tourner des petits films de
propagande bon enfant, à l'attention de la jeunesse,
ainsi que quelques émissions de variétés réalisées en
direct de la caserneN, et, à la condition qu'il pose
en tenue militaire sur les pochettes de disques, il
obtient l'autorisation de poursuivre ses enregistrements.
C'est durant cette période qu'il grave l'un de ses plus
grands succès, Le Pénitencier, extrait du 25 cm éponyme.
Errances
musicales et reconquête (1965–1968)
Johnny
Hallyday et Sylvie Vartan se marient le 12 avril 1965,
à Loconville, envahie pour l'occasion par le public
et la presse. L'album Hallelujah sort le 9 juillet 1965.
S'il est toujours militaire, c'en est fini des poses
en tenue règlementaire et sur la pochette Hallyday apparaît
guitare à la main, vêtu d'un blouson et d'un blue-jeans.
Libéré le 20 août, le chanteur reprend aussitôt ses
activités et le 28, il est sur la scène du casino de
Juan-les-Pins. En novembre sort un second album Johnny
chante Hallyday qu'il a entièrement composé et qui marque
le début d'une longue collaboration artistique avec
son ami Long Chris.
Le
chanteur se produit à partir du 18 octobre à l'Olympia,
durant plus d'un mois. Musicalement Hallyday évolue
vers le rhythm and blues, son tour de chant est entièrement
renouvelé et les anciennes chansons sont expédiées en
un medley qui ouvre le récital. Seul le hit Le Pénitencier
parmi les anciens succès est présent et le public quelque
peu dérouté, ne retrouve pas le copain Teenager. Son
retour laisse une impression mitigée.
En
ce début d'année 1966, plus rien ne semble aller pour
lui : ses ventes de disques connaissent une forte baisse
et multipliant les galas, il ne joue pas toujours à
guichet fermé. En cette période difficile, Hallyday
se produit dans plusieurs pays étrangers, notamment
en Europe de l'Est. Arrive alors un nouveau chanteur
nommé Antoine qui connait un succès fulgurant avec le
titre Les Élucubrations d'Antoine, où au détour d'un
couplet, il propose d'enfermer « Johnny Hallyday en
cage à Medrano ». Peu après, Hallyday réplique avec
le titre Cheveux longs et idées courtes qui connait
un succès égal.
Johnny,
en août, enregistre un nouvel album à Londres. Il y
fait la connaissance de Noel Redding et Jimi Hendrix,
qu'il contribue à faire connaître en les engageant dans
sa tournée. Une plaque commémorative au Novelty de la
rue Chartraine à Évreux, évoque le premier concert de
la toute première tournée d'Hendrix le 13 octobre 1966,
en première partie de Johnny Hallyday. Si professionnellement
cela va mieux, il n'en est pas de même côté vie privée.
Alors que son fils, David naît le 14 août, lui chante
à Milan. Le lendemain, pour quelques heures il est au
chevet de Sylvie, puis s'envole pour Venise, où il se
produit le soir même. La presse se fait l'écho d'une
séparation imminente alors que le fisc lui réclame un
lourd arriéré d'impôts. Le 10 septembre, Johnny doit
chanter à la fête de l'Humanité ; épuisé par le rythme
des galas et profondément déprimé, à quelques heures
de la représentation, il tente de se suicider et est
hospitalisé d'urgence C'est dans ce contexte, que Philips
sort le titre Noir c'est noir, qui devient un énorme
tube (le plus important depuis Le Pénitencier).
Après
quelques semaines de convalescence, à l'occasion d'un
Musicorama Johnny chante à l'Olympia le 18 novembre,
accompagné par une nouvelle formation, les Blackburd,
que dirige le guitariste Mick Jones et le batteur Tommy
Brown. C'est un Johnny nouveau qui apparaît, son récital,
sur des sonorités pop et rhythm and blues, est totalement
inédit, son jeu de scène est renouvelé, son chant aussi.
Désormais Hallyday « donne de la voix » et à force de
débauches d'énergies, il emporte l'adhésion. Cette représentation
à l'Olympia relance totalement sa carrière. Le lendemain,
l'album La Génération perdue est commercialisé. Ce disque,
qui regorge de hits et de titres pour la scène demeure
l'un des plus importants de sa production. L'année s'achève
sur un autre grand succès, Si j'étais un charpentier.
Enregistrée
à Londres en décembre, avec la participation de Jimi
Hendrix, l'adaptation de Hey Joe est un nouveau tube
pour Hallyday au printemps 1967.
La
séparation entre Sylvie et Johnny n'est plus d'actualité
et le couple se produit à l'Olympia du 15 mars au 16
avril. Johnny assure la seconde partie et commence son
tour de chant avec Les coups, qu'il entame depuis les
coulisses, le son allant crescendo à mesure qu'il avance
vers la scène. Côté orchestration, priorité est donnée
aux cuivres sur des tonalités très soul (Olympia 67).
Fort de ce succès, le couple entame une tournée sud
américaine de plusieurs semaines. Amour d'été, adapté
d'un classique d'Elvis Presley et Aussi dur que du bois
sont les titres forts du nouvel album Johnny, qui confirme
son orientation vers la musique soul. À l'automne, avec
San Francisco et Fleur d'amour et d'amitié imposées
par sa maison de disques, le rockeur cède à la mode
hippie, alors que Mon fils et Psychedelic - titre sur
lequel joue le guitariste Jimmy - complètent ce
nouvel EP. Europe no 1 lui consacre, le 14 novembre,
un Musicorama exceptionnel organisé au Palais des sports
de Paris. 450 projecteurs et 800 phares de voitures
dressés tel un mur au fond de la scène servent de décors.
Pour la première fois, il utilise des écrans sur lesquels
sont projetés une multitude d'images disparates. Le
récital très contrasté alterne séquences peace and love
et rock psychédéliques et violents. Johnny quitte la
scène après un Lucille déchaîné, et s'effondre au bord
de la syncope dans la voiture qui l'emporte. La presse
française et internationale commente largement la prestation
d'Hallyday qui acquiert ses galons de bête de scène.
(Johnny au Palais des sports).
À
ce moment de sa carrière, un constat s'impose. Depuis
deux ans, Johnny Hallyday est de toutes les influences
musicales de l'époque : rhythm and blues, musique pop,
musique soul, rock psychédélique et il n'a plus enregistré
de rock 'n' roll depuis Rock and Roll Music (1965) et,
bien qu'il ait repris à la scène le classique de Little
Richard Lucille, il faut attendre l'album Rêve et amour
et la chanson Cours plus vite Charlie pour qu'il y revienne
furtivement.
En
1968, Johnny confirme ses errances musicales tous azimuts,
avec plusieurs Maxi 45 tours, qui précèdent la sortie,
en juin, de son neuvième album studio Jeune Homme, avec
lequel il poursuit sa période psychédélique qu'il parachève
avec l'emblématique album Rêve et amour qui paraît en
octobre. La pochette du disque, mi-photo mi-dessin,
est fortement influencée par celle de Sgt. Pepper's
Lonely Hearts Club Band des Beatles. Johnny y apparaît
vêtu d'une tunique couverte de médaillons aux effigies
de nombreuses personnalités de la chanson, du cinéma,
de la politique... Les titres Entre mes mains, Fumée
et Cours plus vite Charlie, s'imposent au public. Ce
dernier est l'unique reprise d'un disque qui initialement
devait être enregistré en anglais.
Lors
des Jeux olympiques d'hiver de 1968 à Grenoble, il se
produit le 10 février dans l'émission Musicorama d'Europe
1 où il chante Mon fils, Si j'étais un charpentier,
ou encore Le Pénitencier. Le 10 mai 1968, lors de sa
troisième tournée en Afrique, Hallyday est expulsé du
Cameroun à la suite d'une rixe avec le ministre centrafricain
de la Fonction publique à l'hôtel Indépendance de Yaoundé.
En
concert à Johannesburg, en octobre, ébloui par un projecteur,
Johnny tombe dans la fosse d'orchestre et se fracture
un pied. Il termine malgré tout la représentation et
c'est dans le plâtre qu'il honore chacun de ses engagements
en Afrique du Sud. Contre l'avis des médecins, il fait
de même en France, jusqu'à ce que, victime d'un malaise,
il s'effondre sur la scène du Palais d'Hiver à Lyon.
Cet incident l'oblige à plusieurs semaines de repos
forcé, durant lesquelles il travaille avec Mick Jones
et Tommy Brown à la formation d'un nouveau groupe.
Rocks
violents et chants contestataires (1969–1971)
En
février 1969, Johnny Hallyday reprend la scène, d'abord
au Canada, puis en France, où il rode son nouveau tour
de chant87, avant de se produire au Palais des sports
de Paris du 26 avril au 4 mai. Un nouveau guitariste
(remarqué en février au Golf-Drouot), a intégré la formation
; nommé Jean-Pierre Azoulay, il va fortement marquer
le « son Hallyday » au cours des années à venir. Au
Palais des sports, l'artiste propose un spectacle totalement
inédit. Évoluant sur plusieurs scènes reliées à la principale,
sur l'une d'elles, il interprète Caché derrière mes
poings chanson dédiée au « noble art », sur laquelle
il se met en scène en boxeur. Que je t'aime alors inédite
fait grosse impression et compte parmi les moments forts
du tour de chant. 100 000 spectateurs assistent à ce
qui est véritablement son premier « grand » spectacle
qualifié par le magazine Rock & Folk de « show de
l'an 2000 »88. (un live nommé Que je t'aime sort en
novembre).
En
cette période post soixante-huitarde, Johnny Hallyday
s'oriente vers un rock plus dur, plus violent, plus
engagé. Communément appelé Rivière… ouvre ton lit, un
nouvel album très blues rock, pour lequel il s'est entouré
de nombreux musiciens anglais, notamment Peter Frampton
et Steve Marriott, sort en mai. Aux manettes Glyn Johns,
producteur, ingénieur du son ayant collaboré avec la
crème de la musique pop rock (The Beatles, The Rolling
Stones, Led Zeppelin...) c'est à l'époque un disque
très novateur dans le paysage rock français. Si le disque
offre au chanteur nombre de chansons pour la scène,
seul Je suis né dans la rue accède au rang de tube et
devient un classique de son répertoire. La chanson Que
je t'aime diffusée en 45 tours en juin, obtient un grand
succès et demeure l'une des plus célèbres de l'interprète.
Sa tournée d'été bat des records d'affluence et Que
je t'aime déclenche d'authentiques scènes d'hystérie
et nombre d'évanouissements. Le spectacle achevé, Hallyday
est très souvent évacué en car de police pour échapper
à l'enthousiasme des fans.
En
1970, sa collaboration avec le journaliste, écrivain
et cinéaste Philippe Labro poursuit cette évolution
et marque grandement sa carrière. Amis, ils partagent
une passion commune pour l'Amérique, et les textes écrits
par Labro donnent aux chansons d'Hallyday plus de profondeur,
révélant un nouvel aspect du chanteur. La première chanson
Labro-Hallyday à être diffusée leur attire bien des
problèmes. Alors que la face B du 45 tours On me recherche
(qui raconte le périple d'un truand et ose quelques
insolences envers la police), passe sans encombre, il
n'en est pas de même pour le titre Jésus Christ, sur
lequel Johnny chante que « si le christ vivait encore
aujourd'hui, il serait un hippie », ce qui déclenche
polémiques et scandales. La chanson s'attire les foudres
de l'église et le Vatican menace d'excommunier l'auteur
et l'interprète. Interdit d'antenne, le disque est retiré
des rayons dans plusieurs magasins. Cette censure dope
les ventes.
Un
nouvel album, intitulé Vie, sort en novembre. Le disque
diffère des productions précédentes du chanteur ; plus
engagé plus contestataire, l'opus évoque des problèmes
contemporains comme l'écologie ; sur C'est écrit sur
les murs, il chante la fracture de la génération 1968
d'avec ses aînés. Poème sur la 7e, dit sur le 2e mouvement
de la symphonie no 7 de Beethoven, parle du monde après
une catastrophe nucléaire. Essentiellement écrit par
Philippe Labro et Jacques Lanzmann (écrivain et parolier
attitré de Jacques Dutronc), Vie est l'une des plus
fortes ventes de cette fin d'année95. L'année est également
marquée par le cinéma, où pour la première fois le chanteur
trouve deux véritables rôles : il incarne un justicier
dans Le Spécialiste, western spaghetti de Sergio Corbucci
et un voyou repenti dans Point de chute, drame policier
de Robert Hossein.
Le
20 février 1970, Sylvie Vartan et Johnny Hallyday se
rendent à Belfort pour un gala et sont victimes d'un
grave accident de la route. Si lui n'est que très légèrement
touché, c'est beaucoup plus grave pour Sylvie, sérieusement
blessée au visage. Des spécialistes américains en chirurgie
esthétique parviennent, après plusieurs opérations,
à lui rendre son visage. Début 1971, l'affiche d'une
tournée aux Antilles et au Canada fait scandale : Hallyday
y apparaît crucifié sur une guitare. À Pointe-à-Pitre,
le spectacle se transforme en émeutes et durant les
étapes canadiennes les incidents sont également nombreux.
Le succès de la chanson Oh ! Ma jolie Sarah est fulgurant
et s'inscrit parmi les plus gros succès de la décennie.
Elle précède la sortie en juin de Flagrant délit, un
album exclusivement rock, entièrement écrit par Philippe
Labro. Johnny Hallyday a longtemps dit que Flagrant
délit était son album préféré (jusqu'à ce que Rock'n'Roll
Attitude ne prenne cette première place).
L'artiste
chante au Palais des sports de Paris du 21 septembre
au 14 octobre. Jamais encore il ne s'était produit dans
la capitale sur une aussi longue période. Le son, volontairement
poussé dans le rouge confirme une orientation musicale
où la violence va crescendo. En fin de spectacle, le
chanteur interprète un Medley Rock'n'Roll en anglais,
sur lequel, chaque soir, l'accompagne au piano Michel
Polnareff. Au cours de la dernière représentation, Johnny
multiplie les standards américains et reste en scène
plus de trois heures et demie. (Live at the Palais des
sports).
Ballades,
country et rock 'n' roll (1972–1975)
1972,
marque l'arrivée de l'auteur-compositeur-interprète
Michel Mallory qui, après Philippe Labro, va fortement
influencer la carrière de Johnny Hallyday. Parolier
attitré du chanteur durant près de dix ans, il écrit
ou adapte une centaine de chansons, au fil desquelles
se révèle un Johnny plus intime. Son chant devient moins
agressif, sa musique moins dure et, délaissant les rocks
violents, il s'oriente vers un rock plus mélodieux mais
non moins fougueux. Au cinéma, sous la direction de
Claude Lelouch, Johnny organise son propre enlèvement
dans L'aventure c'est l'aventure, film dont il interprète
la chanson titre.
J'ai
tout donné de François Reichenbach, film consacré au
phénomène Hallyday, est présenté en ouverture du festival
de Cannes 1972. Pour les besoins de ce documentaire,
le réalisateur a suivi Johnny avec sa caméra durant
une année : aux États-Unis, sur la scène du Palais des
sports de Paris, en tournée à travers la France, etc.).
Sorti en juin, l'album Country, Folk, Rock est l'une
des premières incursions d'Hallyday dans la country.
Genre, à l'époque, peu prisé en France, le disque connaît
un succès d'estime. Pour sa tournée d'été, il s'essaye
à un nouveau spectacle le Johnny Circus mêlant numéros
de cirque et musique. L'entreprise de par son gigantisme
est un gouffre financier pour Johnny Hallyday. Ce qui
l'empêche, durant quatre années, de produire de nouveaux
shows sur une scène parisienne.
Un
nouveau 45 tours, Avant, conclut une année en demi-teinte
pour le chanteur.
Début
1973, la chanson La Musique que j'aime s'impose au public
et devient l'un de ses grands classiques. Elle ouvre
l'album Insolitudes, où blues, rocks et ballades font
la part belle aux guitares. Le disque compte parmi les
meilleures réussites du tandem Mallory-Hallyday.
À
la demande de Bruno Coquatrix, alors en proie à d'importants
problèmes financiers, Johnny donne gracieusement plusieurs
représentations à l'Olympia, en juin100, alors que sur
les ondes, en duo avec Sylvie Vartan, la chanson J'ai
un problème est un hit et l'un des grands succès de
l'année. (album J'ai un problème). Durant l'été, le
couple se produit à de nombreuses reprises ensemble
sur scène.
En
1974, Je t'aime, je t'aime, je t'aime, un nouvel album
essentiellement composé de ballades, offre à Johnny
l'occasion de chanter avec emphase et lui révèle la
recette de succès à venir tels que Requiem pour un fou
ou Derrière l'amour. Michel Mallory est l'unique auteur
d'un opus qui voit Mick Jones jouer une dernière fois
pour Hallyday. Le 28 juin 1974, il chante au pénitencier
de Bochuz en Suisse. Malgré plusieurs tentatives, le
chanteur n'a jamais réussi à obtenir les autorisations
nécessaires pour concrétiser un tel projet en France.
Sa prestation est enregistrée et diffusée à la télévision
suisse romande le 23 juillet, durant l'émission Pour
vous Messieurs X : Johnny Hallyday et Raymond Devos
à Bochuz. Lors de l'entretien avec les prisonniers,
Johnny déclare : « J'ai été sauvé par mon métier, peut-être
que je serais ici aujourd'hui si je n'avais pas eu cette
chance ». Lorsqu'il quitte le pénitencier, les détenus
le saluent en frappant avec leurs gobelets aux barreaux
de leurs cellules. Sa tournée croise celle de Michel
Sardou, les 3 et 29 août, et les deux amis se produisent
ensemble à Béziers et Genève. Comme durant la totalité
des années 1960-1970, Johnny Hallyday enchaîne les tournées
et donne quelque deux cents galas par an. Sur scène,
il déploie tant d'énergie qu'il en sort souvent au bord
du K.O. Cet engagement sans retenue, doublé par une
existence de noctambule qui l'entraîne dans bien des
excès, n'est pas sans quelques « clashs », comme ce
soir d'été, où il s'effondre d'épuisement sur scène
à Alençon. Lors d'un entretien télévisé, Johnny Hallyday
déclare : « Je suis un chanteur de rock revu et corrigé
par la variété ». À peine a-t-il dit cela que, se faisant
mentir, il enregistre coup sur coup trois albums de
rock 'n' roll : Rock'n'Slow est le premier volume de
ce qu'il nomme sa « trilogie retour aux sources ». Hallyday
mêlant créations originales et « classiques » chante
Berry, Cochran, Presley mais aussi les Stones. La sortie
de l'album précède une tournée de promotion, qu'il débute
par Souvenirs, souvenirs, marquant un peu plus encore
ce retour aux origines.
Début
1975, le chanteur est en studio à Memphis et Nashville.
Sur Rock à Memphis, il grave treize standards des «
fifties ». L'album, publié en mai, est favorablement
accueilli par la critique et le public.
Dans
la foulée, l'album La Terre promise est enregistré à
Nashville. Le disque, aux sonorités très country rock,
sort en septembre.
Sur
les ondes, dès avril, les titres La fille de l'été dernier
et Hey lovely lady, pressés sur un même 45 tours, sont
des « hits ». À la suite d'ennuis avec le fisc, qui
lui réclame plusieurs centaines de millions de francs
d'arriérés, Johnny fait part de son désir de tout arrêter,
et s'installe aux États-Unis avec Sylvie et David. Mais
L'envie de chanter et le démon de la scène reprennent
vite le dessus et, à l'automne, il enregistre deux albums
et annonce sa rentrée au Palais des sports de Paris
en septembre 1976.
One-man-show,
rocks et variétés (1976–1981)
Ce
retour est marqué par de nombreux changements artistiques.
Jacques Revaux (avec qui Johnny a travaillé occasionnellement
une dizaine d'années auparavant), assure désormais la
réalisation des albums, et les chansons dites de variétés
se font plus nombreuses : la popularité du chanteur
se renforce, les succès présents renouant avec ceux
de ses premières années. Sortie en février 1976, Requiem
pour un fou se classe au sommet des hit-parades en deux
jours et est très vite disque d'or111. Johnny obtient
un second hit avec la chanson Derrière l'amour annonciatrice
de l'album éponyme. Le disque, qui alterne rock et variété,
obtient un grand succès et devient la meilleure vente
de la décennie de l'artiste. À l'automne, la chanson
Gabrielle (unique titre rock du chanteur à accéder,
en cette période, au rang de tube), devient un nouveau
no 1.
En
mai, en Italie, sort son second album enregistré dans
une langue étrangère, In Italiano. Il se produit au
Palais des sports de Paris du 28 septembre au 30 octobre.
À la scène aussi les changements sont notoires et, si
le tour de chant conserve la fougue dont est coutumier
le chanteur, il est aussi nettement moins agressif que
lors de ses précédents concerts. La mise en scène, plus
soignée, gagne en standing ce qu'elle perd en violence.
Ce one-man-show consacre sa première partie aux succès
des années soixante, tandis que la seconde fait la part
belle aux titres actuels. Le spectacle attire deux cent
mille personnes et Johnny établit un nouveau record
du plus grand nombre de spectateurs pour un spectacle
musical. Désormais les effets spéciaux et les innovations
techniques agrémenteront ses prestations à venir, dans
un gigantisme et une mise en œuvre de moyens exceptionnels
pour un chanteur français. (Johnny Hallyday Story -
Palais des sports)
Hamlet,
premier double album studio du chanteur et l'un des
tout premiers opéra-rock en France, paraît en novembre.
Gilles Thibaut signe le livret de l'adaptation en vers
de la pièce de Shakespeare, sur une musique composée
par Pierre Groscolas, fortement influencée par le rock
progressif. L'album, sort sans aucune promotion et ne
trouve pas son public (d'autant que l'actualité du moment,
c'est le show Johnny Hallyday Story, avec lequel le
chanteur tourne en province durant plusieurs mois).
Hamlet est un échec commercial et l'idée de le monter
sur scène, sur une mise en scène confiée à Robert Hossein,
est abandonnée. En cette période, les disques d'or se
succèdent. La réussite de Derrière l'amour fait des
émules et les albums à venir s'inspirent grandement
du même concept. Bien qu'Hallyday ne délaisse nullement
le rock, ses productions du moment sont estampillées
variétés et si, jusqu'alors, il s'est souvent entouré
de pointures parmi les musiciens pour ses enregistrements,
le chanteur se contente désormais d'orchestres sans
autre forme distinctive.
En
octobre 1977, sort l'album C'est la vie. Le titre phare,
J'ai oublié de vivre, est l'unique tube d'un disque
qui obtient pourtant les faveurs du public. Jacques
Revaux cède la place de directeur artistique à Eddie
Vartan en 1978. La chanson Elle m'oublie (premier extrait
de l'album Solitudes à deux), est un énorme hit, comptant
parmi les plus importants de la décennie et remporte
le grand prix du Midem à Cannes.
Cette
année-là, Antoine avec Les Élucubrations revisited donne
une suite à son succès de 1966 et à nouveau interpelle
Johnny Hallyday, qui cette fois, ne répond pas.
Hollywood,
enregistré à Los Angeles, sort en janvier 1979. L'album
contient de nombreuses adaptations et emprunte de multiples
couleurs musicales : Hallyday chante Bob Seger, Robert
Palmer et (plus étonnant), Jimmy Cliff. Le bon temps
du Rock'n'Roll est l'unique tube et single d'un album
qui rompt avec les précédentes productions. À l'occasion
des festivités de bicentenaire de la marine, le 29 septembre,
il chante sur le Foch, devant un parterre de marins
; le show est retransmis en direct sur TF1. Du 18 octobre
au 26 novembre, Johnny présente au pavillon de Paris
son nouveau spectacle, conçu sur un thème de science-fiction,
L'ange aux yeux de lasers. Le chanteur interprète nombres
d'inédits, notamment Ma gueule, qui très vite devient
un standard. Pour son entrée en scène, Hallyday porte
des lunettes spécialement adaptées pour lancer des rayons
lasers en direction du public. C'est encore sous des
lasers qu'il termine, foudroyé, cette première partie,
après avoir chanté un vibrant plaidoyer contre la peine
de mort, Sauvez moi. La seconde partie est d'une facture
plus classique : Hallyday y interprète de nombreux succès
et achève son récital par une longue séquence rock 'n'
roll, sur laquelle l'accompagne au piano Gilbert Montagné.
Lors la dernière représentation, David Hallyday (alors
âgé de 13 ans), fait sa première apparition publique
en accompagnant son père à la batterie sur Rien que
huit jours. Joué à guichets fermés durant six semaines,
le spectacle attire 250 000 spectateurs, et le double
album Pavillon de Paris : Porte de Pantin bat des records
de vente pour un disque live.
Diffusé
en juin 1980, l'album À partir de maintenant, essentiellement
composé de ballades, ne contient aucun tube et n'est
jamais parvenu à s'imposer comme marquant dans la discographie
du chanteur. Il se distingue par la reprise de La Poupée
qui fait non de Michel Polnareff et par la création
de Je ne suis pas un héros, chanson écrite par Daniel
Balavoine pour Johnny Hallyday. Ce même mois, Sylvie
et Johnny chantent à la Fête de la Liberté devant plus
de 200 000 spectateurs. Après un concert à Orange, le
couple se produit encore aux Arènes de Béziers le 13
août ; le public ignore alors qu'il assiste à ce qui
est leur dernière représentation commune. Sylvie Vartan
et Johnny Hallyday ont officiellement divorcé le 5 novembre.
Début
1981, sort l'album En pièces détachées, qui marque un
net retour au rock dur et violent : avec le titre Guerre,
Hallyday s'offre une incursion dans l'univers du hard
rock et la chanson Lady Divine, qui se veut une mise
en garde contre la consommation de substances illicites
et dangereuses, est censurée par sa maison de disques,
qui impose son titre (la chanson devait à l'origine
s'appeler Lady Cocaïne), ainsi que quelques modifications
du texte.
En
février et mars, accompagné par une nouvelle formation,
le Night Rider Band (anciens musiciens d'Elton John),
il est en tournée de promotion à travers la France et
la Belgique. Son tour de chant, entrecoupé de rares
ballades, est essentiellement rock et, sur scène Lady
Divine, interprétée sans censure, redevient Lady Cocaïne
au gré des couplets. La tournée s'achève sous chapiteau
à Paris, porte de Pantin. Durant l'été, le spectacle
est diffusé sur Antenne 2, dans son intégralité, à l'exception
de Lady Divine, indésirable à la télévision. (Live).
Enregistré à Londres, Pas facile sort en septembre.
Album d'introspection, il révèle les désillusions, empreintes
de nostalgie, du chanteur. Sur J'en ai marre, chanson
à l'humour caustique, Hallyday invective la presse qui,
il y a peu, l'a donné pour mort et généralement invente
sa vie. Cet album marque la fin de la collaboration
avec Michel Mallory, après neuf années d'une fructueuse
complicité qui à présent marque le pas.
Période
difficile et retour aux sources (1982–1985)
Depuis
Ma gueule, le chanteur ne connaît plus de grand « tube
» et malgré un répertoire grandement renouvelé ces dernières
années, il manque de titres marquants. Pour autant cette
période, où Johnny Hallyday collabore essentiellement
avec Pierre Billon est fructueuse en créations. Au cours
de ces quatre années, il enregistre huit albums studio,
(dont un en espagnol Black es noir et Version 82 où
il réenregistre la totalité des chansons de la période
Vogue). Sortie début 1982, l'album Quelque part un aigle,
faisant fi des contraintes commerciales, s'essaye à
d'autres thèmes, explore d'autres pistes musicales et
déroute quelque peu le public. Il s'accompagne en février-mars,
d'une tournée avec un nouveau groupe, Énergy, ou cours
de laquelle, Le 19 février, le chanteur donne deux représentations
pour les détenus à la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.
À
la ville, en ce printemps, Nathalie Baye et Johnny Hallyday
deviennent un couple, duquel naît, en novembre 1983,
Laura Smet. Commercialisé quelques jours avant la première,
l'album La peur, n'existe que par et pour le show Fantasmhallyday
que Johnny donne au Palais des sports de Paris à l'automne.
En 1983, Entre violence et violon est l'album du renouveau
artistique, avec lui s'amorcent les changements à venir,
qui trouvent leurs apogées avec les albums Rock'n'Roll
Attitude et Gang. Avant cela, il se régénère à Nashville
« berceau du rock 'n' roll », où il enregistre trois
albums : Entre violence et violon, En V.O. et Drôle
de métier, (plus un Spécial Enfants du Rock, issu de
l'émission Go, Johnny, Go diffusé sur Antenne 2 le 10
mars 1984). Entre violence et violon et Drôle de métier
s'inscrivent parmi les meilleures réussites Rock de
l'artiste et lui fournissent nombre de titres taillés
sur mesure pour la scène, à l'instar de la chanson Mon
p'tit Loup (ça va faire mal) qui est un succès. Si l'accueil
de ces disques est mitigé, la popularité du chanteur
n'en demeure pas moins intacte et à la scène il mobilise
toujours autant les foules. Durant cette période avec
peu ou pas de hits, Johnny Hallyday monte deux de ses
plus grands spectacles
Fantasmhallyday
est présenté du 14 septembre au 11 novembre 82, au Palais
des sports de Paris. Ce show, le troisième et dernier
à thèmes de l'artiste, est considéré comme l'un des
plus grands jamais montés en Europe. Johnny incarne
« le Survivant » dans un monde après l'apocalypse, où
il affronte mutants et zombies. Jean-Claude Camus, en
association avec Gilbert Coullier, est pour la première
fois producteur de Johnny Hallyday. En première partie,
le chanteur repousse les codes du tour de chant traditionnel
en proposant un répertoire de huit titres inédits sur
les dix interprétés, n'hésitant pas à interrompre la
partie musicale à deux reprises durant plusieurs minutes.
Plus tard, s'enchaînent sur la scène une succession
de cascades et de combats... En seconde partie, il propose
un récital plus conventionnel, reprenant d'anciens succès.
Durant deux mois, Johnny donne cinquante-quatre représentations
pour deux cent cinquante mille spectateurs. (Palais
des sports). Au cours d'une représentation, lors d'une
cascade, il se blesse à une hanche... Il n'en continue
pas moins la scène et, après la capitale, entame en
province une longue tournée. Le chanteur, après encore
quelques représentations durant l'été, est hospitalisé
à l'hôpital Cochin, le 26 juillet 1983, où opéré de
la hanche, une prothèse est posée.
À
partir du 25 octobre 1984 et jusqu'au 2 février 1985,
Johnny Hallyday s'installe pour trois mois au Zénith
de Paris, (une durée de programmation jamais vue en
Europe). Le chanteur apparaît dans un poing géant et
articulé venu du fond de la scène pour s'ouvrir au-dessus
du public. Hallyday interprète plusieurs inédits durant
ce tour de chant aux accents très rock, mais où ballades
et émotions sont néanmoins présentes, notamment avec
la reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel. Johnny
achève la première session de son Zénith le 23 décembre
; les représentations reprennent le 4 janvier. Le mardi
8, à quelques minutes de la fin du show, Hallyday s'écroule
sur scène, victime d'une syncope. Hospitalisé jusqu'au
12, il est contraint d'annuler toutes ses dates jusqu'au
29 janvier. Le lendemain, Johnny Hallyday remonte sur
scène pour les trois dernières dates. Ce spectacle demeure
l'une des plus importantes productions et la plus «
grosse machinerie » jamais mise en œuvre par l'artiste.
(Johnny Hallyday au Zénith)
La
période Hallyday-Billon s'achève ici, malgré et peut-être
grâce à une absence de « tube », elle est musicalement
l'une des plus novatrices du chanteur. Elle n'est pas
sans rappeler la période Mick Jones-Tommy Brown, tout
autant déroutante pour le public, qui marque la seconde
moitié des années soixante, où le chanteur tout en se
cherchant un « second souffle » a livré quelques-uns
de ses albums les plus emblématiques. Pierre Billon
est la « clé de voûte » de cette volonté de renouvellement
chez Hallyday en ce début de décennie. Une période souvent
négligée, parfois décriée. Ainsi Jean-Claude Camus n'a
guère de complaisance pour elle, lorsqu'il déclare :
« Je considère qu'entre Jacques Revaux et Michel Berger
il n'y a rien. (…) Il faut reconnaître que depuis le
disque avec Berger, il est reparti très fort, n'ayant
jamais vendu autant de disques. ». Jean-François Brieu
a un tout autre jugement : « Ce qui est caractéristique
des productions Billon, c'est que l'on aime aller chercher
loin dans les références littéraires, on adore déstructurer
les mélodies (…), on s'éclate à casser les lignes de
basses, les soli trop proprets (…). Bref, on produit,
c'est-à-dire qu'on prend des risques ».
1985
marque le début du Top 50, qui mesure l'impact d'un
artiste à la hauteur de ses ventes, (et non plus de
ses classements dans les hit-parades). Ceux à venir
du chanteur établissent que, de tous les artistes issus
des années soixante, Johnny Hallyday résiste au temps
et aux modes et est quasiment le seul, côté ventes,
à pouvoir faire jeu égal avec les nouveaux venus.
Vers
une nouvelle image (1985–1992)
Depuis
1961, le chanteur est tenu par contrat de fournir chaque
année un nombre conséquent d'albums et de 45 tours.
Alain Lévy, nouveau patron de Philips, pense que ses
enregistrements devraient être moins nombreux afin de
lui permettre de les peaufiner davantage. Dans cette
optique, il est fait appel à des auteurs et compositeurs
de renoms chargés d'écrire du sur mesure pour Johnny
Hallyday et lui permettre d'amorcer ce changement.
C'est
ainsi qu'au printemps 1985, il enregistre l'album Rock'n'Roll
Attitude, écrit composé et réalisé par Michel Berger.
Le disque obtient un grand succès public et critique.
De nombreux titres sont des hits et deviennent des standards
de son répertoire, notamment Quelque chose de Tennessee,
qui s'impose comme l'un de ses plus grands succès. L'album
fait date dans la carrière de l'artiste, réactualisant
les thèmes « hallydayen » il renouvelle quelque peu
son public désormais élargi, son image en est profondément
modifiée. Cette métamorphose, amorcée par Michel Berger,
prend une autre dimension encore grâce au cinéaste Jean-Luc
Godard, sous la direction duquel Hallyday tourne le
film Détective et avec qui il monte les marches du palais
du festival de Cannes, pour y présenter le film en compétition
officielle Après quinze années d'absence au cinéma dans
un vrai rôle, Hallyday déclare : « Ce qui m'intéressait
avec Godard, c'était de casser mon image de chanteur,
d'éloigner le personnage Hallyday». L'année suivante,
le réalisateur Costa-Gavras enfonce le clou avec Conseil
de famille, une comédie policière où il confirme un
réel talent de comédien. En revanche, le film Terminus
de Pierre-William Glenn, en 1987, est un échec retentissant,
à l'échelle des espoirs qu'Hallyday a fondés sur lui
pour pérenniser son récent statut d'acteur.
Le
13 septembre 1985, après une seconde opération de la
hanche début juin, Johnny Hallyday est de retour sur
scène. Sa participation à la fête de l'Humanité deux
jours plus tard est l'objet d'une polémique dans les
médias et s'adressant au public, le chanteur déclare
: « Pour remettre les choses à leur place, j'aimerai
vous dire que je suis très heureux d'être ici avec vous
à la fête de l'Humanité, car avant tout c'est une fête…
des Français ». Cette année-là voit la naissance des
Victoires de la musique. L'album Rock'n'Roll Attitude
plusieurs fois nommé (meilleur album rock, meilleure
pochette, meilleur clip ((réalisé par Bernard Smith)
pour Quelque chose de Tennessee), n'en remporte aucune.
1986
marque sa séparation, en mars, d'avec Nathalie Baye.
C'est aussi la première année d'une carrière, commencée
26 ans plus tôt, où Johnny Hallyday n'est pas sur scène.
À l'automne, il enregistre Gang, un album écrit et réalisé
par Jean-Jacques Goldman. Il sort le 6 décembre et est
certifié disque de platine en deux semaines. Plus encore
que le précédent, l'opus regorge de tubes en devenir
: J'oublierai ton nom (en duo avec Carmel), Je te promets
(dont le succès « flirte » avec les sommets atteints
par Que je t'aime), Laura (premier titre du chanteur
à être diffusé en CD single), qui bat des records au
Top 50 où il reste classé six mois durant142. Accompagné
par une nouvelle formation (notamment Norbert Krief,
ancien guitariste de Trust), il chante au palais omnisports
de Paris-Bercy du 15 septembre au 4 octobre 1987. Produit
par Jean-Claude Camus et Gilbert Coullier, mis en scène
par Michel Berger, le spectacle Johnny se donne à Bercy
se joue à guichets fermés. Présent sur scène dès le
lever de rideau, Johnny, façon Jerry Lee, debout au
piano (clin d'œil à la chanson de France Gall), joue
l'introduction d'un tour de chant qui compte sept reprises
sur les vingt-deux titres d'un répertoire essentiellement
extrait des deux derniers albums. Pour la première fois,
une chanson lente, Quelque chose de Tennessee, termine
le spectacle (Johnny à Bercy). Jusqu'à la fin de l'année
et durant une grande partie de 1988, le chanteur tourne
en province, où son passage est bissé voir triplé dans
de nombreuses villes.
En
1989, Antenne 2 diffuse la série David Lansky, un policier
aux méthodes musclées, avec dans le rôle-titre Johnny
Hallyday. Fait rare, à l'occasion de la première diffusion,
l'ensemble des magazines TV consacrent leur une à «
Johnny-Lansky ». Sur les six initialement prévus, quatre
épisodes sont tournés. Son 36e album studio, Cadillac,
sort en juin. Étienne Roda-Gil signe l'ensemble des
textes et réalise l'album. Plus rock que les précédents
opus, le disque consacre plusieurs chansons à la moto.
De moteur, de rock et de grand espace, il en est encore
question avec la chanson Cadillac : évocation de Antoine
de Lamothe-Cadillac, aventurier français, qui fonde
en 1701 la ville de Détroit, berceau de l'industrie
automobile et le lieu de naissance de la firme discographique
Motown. Conséquemment, la poésie de Roda-Gil, dans un
raccourci qui mêle les époques et réécrit l'histoire,
fait de l'aventurier le « père fondateur du Rock'n'Roll
». Aux côtés de Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman,
Michel Sardou et Eddy Mitchell, du 6 au 14 novembre,
il participe à la toute première tournée organisée au
profit des Restos du Cœur, fondés par Coluche en 1985.
L'album Tournée d'Enfoirés est rapidement commercialisé
au bénéfice de l'association.
Accompagné
par Pierre Billon, Tony Frank et Adeline Blondieau,
Johnny Hallyday, au printemps 1990, traverse d'est en
ouest les États-Unis, à moto. Fille de son ami Long
Chris, Adeline épouse Johnny en juillet à Ramatuelle.
Dans cette même ville, il entreprend la construction
d'une villa qu'il nomme Lorada. Devant plus de deux-cent-cinquante-mille
spectateurs, du 15 septembre au 4 octobre, Johnny présente,
à guichets fermés son nouveau spectacle Dans la chaleur
de Bercy. Il reprend Honky Tonk Women des Rolling Stones,
Diego libre dans sa tête de Michel Berger, et pour la
première fois, inscrit à son répertoire Je ne suis pas
un héros. Les chansons Je te promets et L'envie, pour
lesquelles il est accompagné par l'Orchestre Symphonique
d'Europe, clôturent le récital. (Dans la chaleur de
Bercy). Par deux fois au cours de l'année, le chanteur
est censuré. En janvier, le clip Les vautours, considéré
trop violent, est interdit de télévision. Durant l'automne,
son single Je ne suis pas un héros est interdit d'antenne
pour cause de guerre du Golfe, certains y voyant une
provocation.
En
septembre 1991, sort l'album Ça ne change pas un homme,
enregistré à New York et réalisé par Mick Lanaro. A
contrario des précédents, l'opus propose un florilège
d'auteurs compositeurs : Art Mengo, Jon Bon Jovi, Patrick
Bruel, Tony Joe White, Philippe Labro... Johnny interprète
plusieurs chansons d'une étudiante coréenne de 19 ans,
Ysa Shandy, dont Tien a men et Dans un an un jour (dernière
composition de Mort Shuman décédé quelques mois plus
tôt). À l'automne 1992, pour la troisième fois, il est
à Bercy. Le spectacle débute par une séquence de prestidigitation,
où on le voit descendre des limbes vers la scène, dans
un ascenseur présenté vide quelques secondes plus tôt147.
Un morphing des visages du chanteur de différentes époques
est diffusé tandis qu'il chante Ça ne change pas un
homme. Sur Quelque chose de Tennessee, il rend hommage
à Michel Berger disparu durant l'été, tandis qu'avec
l'inédit J'ai tout donné il inscrit au tour de chant
une séquence hard rock. Point d'orgue de ces quelques
moments du spectacle, Hallyday, (avant rappel), conclut
sur Poème sur la 7e, au terme duquel dans un écran de
fumée, il s'élève vers les cintres emporté par une grue
mécanique. (Bercy).
D'un
stade à l'autre (1993–1998)
Pour
le spectacle « Retiens ta nuit » qu'il joue les 18,
19 et 20 juin 1993, au Parc des Princes, Johnny gagne
la scène par la pelouse en fendant la foule. Les images
de cette entrée font le tour de l'Europe, suscitent
nombre de commentaires dans la presse et ceux d'artistes
internationaux, tels que Tina Turner ou Mick Jagger.
Le récital compte cinquante-deux chansons, (une vingtaine
réparties sur quatre medleys) et plusieurs duos ; David
Hallyday, Michel Sardou, Eddy Mitchell chantent avec
lui, tandis que Joey Greco et Paul Personne l'accompagnent
à la guitare sur quelques titres. Sylvie Vartan traverse
le pont en acier - reproduction du Golden Gate Bridge
de San Francisco - qui orne la scène, au volant d'une
MG avant de rejoindre Johnny et de chanter Tes tendres
années a capella, puis en duo Le feu et Je veux te graver
dans ma vie. Hallyday livre un show de plus de trois
heures et attire un total de 150 000 spectateurs. (Parc
des Princes 1993).
Cette
année-là, sa maison de disques annonce qu'il a déjà
vendu plus de 100 millions de disques152. Johnny Hallyday
enregistre en 1994, à Los Angeles Rough Town. Fait de
Blues et de Rock, ce 38e album studio enregistré en
anglais est son troisième du genre et son cinquième
dans une langue étrangère. Afin de promouvoir l'album,
il est décidé d'effectuer une tournée française et européenne
et de se produire exclusivement dans des petites salles.
Le tour de chant est pour l'essentiel en anglais. Il
termine ses récitals dans « l'Hexagone » à la Cigale
de Paris, puis en novembre chante dans plusieurs villes
d'Europe du Nord : Zurich, Munich, Amsterdam, Francfort-sur-le-Main,
Bruxelles, Düsseldorf, Hambourg. Comme l'album, cette
tournée sans réelle promotion, connaît un succès très
confidentiel et certaines dates sont annulées. (À La
Cigale).
Enregistré
dans sa villa à Ramatuelle, l'album Lorada sort au printemps
1995. Jean-Jacques Goldman signe deux titres, dont un
nouveau succès : J'la croise tous les matins. À l'automne,
le chanteur se produit, pour la quatrième fois, à Bercy.
Le récital composé de plusieurs extraits de Rough Town,
de reprises de standards rock 'n' roll et d'un titre
de Rod Stewart est bilingue et les titres anglo-saxons
s'alternent avec ses succès. Johnny donne une longue
séquence acoustique sur une mini scène au milieu du
public et conclut son tour de chant avec L'Hymne à l'amour
d'Édith Piaf. (Lorada Tour). Au moment même où Johnny
Hallyday investit Bercy, est lancé le projet d'un concert
à Las Vegas en 1996. Le 25 mars 1996, un an jour pour
jour après leur rencontre, Læticia Boudou devient officiellement
madame Hallyday. Le dimanche 24 novembre, Johnny Hallyday
joue, devant sept mille spectateurs qui ont fait spécialement
le voyage pour assister à son show américain, à L'Aladdin
de Las Vegas. L'album Destination Vegas est spécialement
enregistré pour l'occasion (l'album Live at the Aladdin
Theatre,156 reste inédit jusqu'en 2003). Le show Vegas
sitôt achevé, le chanteur annonce un prochain spectacle
prévu à Bercy en janvier 1998. (Ce sera finalement au
Stade de France et en septembre 1998). Absent de la
scène en 1997, exception faite de sa participation à
la soirée des Restos du cœur en janvier, Johnny s'offre
une année quasi sabbatique ne chantant que pour et avec
les autres : il participe à l'album Friends for life
de Montserrat Caballé ; chante dans la nouvelle version
du conte Émilie Jolie de Philippe Chatel ; est en duo
avec Zucchero sur un titre de The Best of: Greatest
Hits et fait les chœurs, avec Eddy Mitchell, pour Michel
Sardou, sur la chanson Mon dernier rêve, (Salut).
Le
Monde publie, le 7 janvier 1998, un entretien avec Daniel
Rondeau intitulé Les confessions de Johnny, où il confie
: « La cocaïne, oui, j'en ai pris longtemps, (…). Maintenant,
(…), j'en prends pour travailler, pour relancer la machine,
pour tenir le coup. Je ne suis pas le seul d'ailleurs.
La poudre et le hasch circulent à mort chez les musiciens.
Il n'y a pas à s'en vanter, je n'en suis pas fier, (…).
Il faut bien savoir que nos chansons, on ne les sort
pas forcément d'une pochette-surprise. ». Composé et
réalisé par Pascal Obispo Ce que je sais, son 41e album
studio sort ce même mois. La pochette présente un Johnny
« relooké », les cheveux courts, lèvres et visage «
retravaillés » où moustache et bouc, (définitivement
adoptés), sont de rigueur. Le 26 janvier 1998 au Zénith,
Hallyday est de la distribution du traditionnel concert
des Enfoirés. Le 18 juin, La Marche du siècle sur France
3, diffuse La nuit des hommes libres réalisé par Daniel
Rondeau. Sur le générique de fin, Johnny chante Le Chant
des partisans, avant que la chanson ne soit diffusée
à l'automne de façon plus pérenne sur le single Seul.
Le vendredi 4 septembre, la première au Stade de France
est annulée, quelques minutes avant le coup d'envoi,
pour cause de forte pluie et est reportée au 11 septembre.
L'annonce est faite au public par Jean-Claude Camus,
producteur du spectacle. Le lendemain, Hallyday fait
son show. Un hélicoptère, (piloté par Michel Drucker),
dépose Johnny sur le toit du stade, d'où il « disparaît
» pour, quelques secondes plus tard, apparaître au milieu
du stade dans un écran de fumée. La musique que j'aime
donne le coup d'envoi d'un récital de trois heures,
agrémenté de plusieurs duos, d'une séquence acoustique
et d'une autre symphonique, où pour la seconde fois,
il est accompagné par l'Orchestre Symphonique d'Europe.
Allumer le feu, se joue sous un feu d'artifice et de
lumières, avant que Johnny ne conclue avec la reprise
de Sur ma vie de Charles Aznavour.
L'édition
du Parisien du dimanche 6 septembre publie que « Johnny
Hallyday aurait chanté en playback hier au Stade de
France ». Le soir même, le chanteur en direct à la télévision
dément cette affirmation. Sur scène, ce soir-là, il
casse volontairement le rythme des chansons, afin de
démontrer au public qu'il chante bien en direct, le
fait constater par huissiers, engage une action en justice
pour diffamation et obtient réparation avec dommages
et intérêts, (le jugement est rendu le 23 juin 1999).[réf.
souhaitée] Ironie du sort, le vendredi 10, le chanteur
joue la dernière représentation sous une pluie torrentielle.
(Stade de France 98 Johnny allume le feu).
Records
et popularité (1999–2005)
En
1999, l'album Sang pour sang, composé et réalisé par
David Hallyday, obtient un franc succès. Au terme de
l'année 2000, il atteint les deux millions d'exemplaires
et devient la plus grosse vente d'Hallyday à ce jour166.
De nombreux extraits proposés en singles, constituent
aussi quelques records de ventes qui confirment l'accueil
du public fait à l'album.
En
2000, Johnny Hallyday fête ses quarante ans de carrière.
Pour l'occasion, Universal réédite, en CD digipack,
les 40 albums studio Philips, avec un succès impressionnant
: ainsi, le nombre d'exemplaires écoulés de l'album
Hamlet au cours de la semaine de sa (re)sortie dépassent
ceux de l'album Sang pour sang et la semaine du 10 juin,
le chanteur place au Top albums et singles, douze singles
et vingt-deux albums, tandis que son dernier opus revient
à la seconde place. Le 10 juin 2000, dans le cadre des
festivités prévues pour le changement de millénaire,
l'artiste donne un spectacle gratuit au pied de la tour
Eiffel, devant plus de cinq cent mille spectateurs.
Retransmis en direct sur TF1, le spectacle établit un
record d'audience avec huit millions de spectateurs
(100 % Johnny : Live à la tour Eiffel). Le 15, il chante
devant soixante mille spectateurs au Parc de Sceaux.
Après
vingt-sept années d'absence, Johnny Hallyday est de
retour à l'Olympia, où il donne, le 17 juin, la première
des quarante-deux représentations prévues jusqu'au 25
août (Olympia 2000). Les séances parisiennes sont entrecoupées
de plusieurs concerts en province ainsi qu'à Bruxelles
et Lausanne. La tournée s'achève à Montréal, où après
une absence de vingt-cinq ans, Johnny donne trois représentations
au théâtre St Denis. Le Tour 2000 réunit un total de
plus d'un million de spectateurs.
Johnny
Hallyday est le seul chanteur non anglophone à participer,
avec de nombreux artistes internationaux, au CD Good
Rockin' Tonight The Legacy of Sun Records réalisé en
hommage au studio américain Sun Records. Sorti en octobre
2001 aux États-Unis, l'album reste inédit en France.
À l'automne, il chante Saint-Preux en duo avec la fille
du compositeur, Clémence : On a tous besoin d'amour,
(écrite par Jean-Paul Dréau), se classe 4e au Top 50
et clôt une année quasi sabbatique. Cette année-là,
le chanteur renoue avec sa passion pour le sport automobile:
au volant d'un 4x4 Mercedes, avec son beau-père André
Boudou comme copilote, il participe au rallye de Tunisie
et termine 43e. Le tandem se classe encore 21e au rallye
du Maroc. En fin d'année, Johnny prend le départ du
rallye Dakar, où, au volant d'une Nissan, avec René
Metge comme copilote, il se classe 46e. Ils enchaînent
avec le rallye de Tunisie, qu'ils terminent à la 42e
place.
Johnny
Hallyday chante Tous ensemble, titre officiel de l'équipe
de France de football pour le Mondial. Le single sort
en avril 2002 et se vend à six cent mille exemplaires
avant même le début de la compétition. La chanson Marie
sort en octobre et se vend à un million quatre cent
mille exemplaires, (sa plus grosse vente de single à
ce jour). Elle précède la sortie du second double et
43e album studio de sa carrière, À la vie, à la mort,
qui lui s'écoule à un million cinq cent mille exemplaires.
Cette année-là, L'Express consacre sa « une » au chanteur
et titre Enquête sur un phénomène national. En 2003,
Johnny Hallyday se produit pour la seconde fois au Parc
des Princes, les 10, 11, 14 et 15 juin. Le tour de chant
est l'occasion de nombreux duos, notamment avec Isabelle
Boulay avec qui il interprète une nouvelle version de
J'oublierai ton nom, où les couplets en anglais disparaissent
au profit de paroles exclusivement en français. (Parc
des Princes 2003) Il tourne ensuite dans les stades
en France, en Suisse et en Belgique et termine sa tournée
d'été au festival International de Baalbek au Liban.
À l'automne, il se produit encore dans une trentaine
de villes en province et conclut son Tour 2003 par quatre
représentations au palais omnisports de Paris-Bercy.
À
ce stade de sa carrière, Johnny Hallyday n'a jamais
semblé aussi populaire, ses disques établissent des
records de vente et le public se rend en masse à chacune
de ses tournées. C'est alors, qu'il choisit de remettre
en question son contrat avec Universal Music Group,
qu'il dénonce le 5 janvier 2004. Bien que rompu, son
contrat l'oblige à enregistrer un dernier album. Cet
ultime disque Philips sort le 7 novembre 2005. Réalisé
par Pierre Jaconelli, l'opus plus rock que les précédents,
voit Johnny renouer furtivement avec la composition,
qu'il délaisse depuis une quinzaine d'années. Écrit
en collaboration avec Michel Mallory, le titre Apprendre
à aimer clôt un disque qui s'écoule à huit cent mille
exemplaires. Ma vérité marque la fin d'une collaboration
de quarante-quatre années avec sa maison de disques,
durant lesquelles l'artiste a enregistré 44 albums studio,
22 albums live et quelque mille chansons.
Nouveau
label, Flashback tour et Tour 66 (2005–2009)
Le
chanteur signe en décembre 2005 chez Warner. En 2006,
la nouvelle tournée de l'artiste, « Flashback Tour »,
ambitionne de le voir chanter dans toutes les salles
parisiennes qui ont jalonné sa carrière avec, en point
d'orgue, le Palais des sports de Paris, où il ne s'est
plus produit depuis vingt-quatre ans et qu'il investit
du 2 juin au 4 juillet (Flashback tour : Palais des
sports 2006). Durant l'été et jusqu'à la fin de l'année,
il tourne dans plusieurs stades et festivals, alternant
les représentations à Paris et en province. Il chante
tour à tour à Bercy, au Zénith de Paris, à l'Olympia
et à La Cigale, où il présente un récital différent,
plus rock 'n' roll, alternant les reprises de standards
américains. (La Cigale : 12-17 décembre 2006). Au terme
de 111 représentations pour un total de plus d'un million
de spectateurs, Le « Flashback Tour » s'achève en mars
2007.
Le
Cœur d'un homme, aux sonorités country blues, est dans
les bacs en novembre. Réalisé par Yvan Cassar, ce premier
album studio produit par Warner s'écoule à 500 000 exemplaires.
Invité au Journal de 20 heures de TF1 du 2 décembre,
Johnny annonce que sa prochaine tournée, Tour 66, prévue
en 2009, sera la dernière. Pour autant, il déclare ne
pas vouloir renoncer à chanter, ni même à la scène,
mais plus sur une longue période. Le chanteur confirme
son intérêt toujours croissant pour les duos. En 2008,
il participe aux albums Balmoral de Loquillo, Peace
Maker de Doc Gynéco et Duos de Charles Aznavour. En
octobre sort son 46e album studio Ça ne finira jamais.
Le
7 mai 2009, il démarre le Tour 66 au Zénith de Saint-Étienne
où, en guise de répétitions générales, il donne huit
représentations. Quelques jours plus tard, Johnny chante
au Forest National de Bruxelles. Accordant un entretien
à un journal télévisé, il confirme qu'il s'agit de sa
dernière longue tournée, évoque ses projets de cinéma,
mais aussi un probable prochain spectacle dans deux
ou trois ans. Le même mois, le film Vengeance, du réalisateur
Johnnie To, dans lequel Johnny tient le rôle principal,
est présenté en compétition officielle au Festival de
Cannes181. Johnny Hallyday se produit les 29, 30 et
31 mai au Stade de France. Avec Ma gueule, il entame
un récital de deux heures et demie, qui revisite cinq
décennies de chansons. Ému et des sanglots dans la voix,
l'artiste remercie le public pour sa fidélité, avant
de conclure son tour de chant avec Et maintenant de
Gilbert Bécaud. (Tour 66 : stade de France 2009) En
juin et juillet, il se produit dans une douzaine de
stades. Le 14 juillet, Johnny chante devant plusieurs
centaines de milliers de personnes sur le Champ de Mars
aux pieds de la tour Eiffel, lors d'un concert gratuit
pour le public, conformément aux vœux du président de
la République, Nicolas Sarkozy, qui chaque année, à
partir de 2007, souhaite associer un grand concert populaire
aux réjouissances de la fête nationale. La première
partie du Tour 66 s'achève par plusieurs représentations
au Sporting Salle des Étoiles de Monaco.
Le
24 juillet, à la demande des assureurs de la tournée,
il est hospitalisé pendant une dizaine de jours, pour
une série d'examens. Début août, le magazine américain
New York Post révèle qu'il a subi une opération du côlon.
En septembre, dans un entretien au magazine Télé Star,
Johnny confirme l'information, révélant qu'il a été
opéré d'un cancer. En septembre, sur la scène de l'Olympia,
où la chanteuse se produit, Johnny chante avec Sylvie
Vartan (Sylvie live), avant de reprendre la route, avec
le Tour 66, dont il achève le second acte, le 24 novembre
à Orléans.
Le
26 novembre, Johnny Hallyday est opéré, à Paris, d'une
hernie discale par le docteur Stéphane Delajoux. Le
1er décembre, le chanteur se rend à Los Angeles. Le
7 décembre, il est hospitalisé d'urgence au Centre médical
Cedars-Sinai, pour y être réopéré le 10. Johnny sort
de l'hôpital le 23 décembre. Quelques jours plus tôt,
son producteur, Jean-Claude Camus, a annoncé l'annulation
de la troisième et dernière partie du Tour 66 (prévue
à partir du 8 janvier à Amiens, la tournée devait s'achever
vingt-deux représentations plus tard, par quatre concerts
à Bercy, en février 2010). Ces évènements marquent le
début d'une chronique médiatico-judiciaire qui oppose
les deux personnalités. Tour 66 est, avec plus d'un
million de spectateurs, l'une des plus grandes tournées
jamais réalisée en France.
50
ans de carrière, théâtre et nouvelles tournées (2010–2013)
Rétabli
après une longue convalescence, Johnny Hallyday annonce,
le 2 septembre 2010, la fin de sa collaboration avec
son producteur Jean-Claude Camus ; Gilbert Coullier
lui succède.
Le
3 décembre 2010 marque son retour sur une scène depuis
ses ennuis de santé. Sur la scène de l'Arena de Montpellier,
il rejoint M pour un duo. Ils chantent à nouveau Tanagra
à Bercy, où le fils de Louis Chedid achève sa tournée
les 15, 16 et 17 décembre. Cette année-là, Johnny participe
aux albums L'Instinct masculin de Patrick Fiori et Rue
Washington de Line Renaud. En mars 2011, sort son 47e
album studio Jamais seul, réalisé par Matthieu Chedid.
L'opus s'écoule à 185 000 exemplaires et se classe 14e
des meilleures ventes, au terme d'une année qui a vu
les ventes physiques de CD chuter de 8 % en France.
Côté live, l'artiste donne quelques concerts privés,
dont un le 30 mai au studio RTL. Le 3 décembre, c'est
au second étage de la Tour Eiffel qu'il présente à la
presse sa prochaine tournée et chante, devant trois-cents
invités, une dizaine de titres, dont l'inédit Autoportrait,
offert gratuitement en téléchargement le jour même.
Mais le plus étonnant de ces « mini » récitals est celui
qu'il donne, le 20 juin, à Los Angeles, à l'école française
de sa fille Jade, où, s'accompagnant seul à la guitare,
il chante quelques chansons pour les enfants.
2011,
est aussi l'année de ses débuts sur les planches, où,
du 6 septembre au 19 novembre, au théâtre Édouard VII,
il joue une pièce de Tennessee Williams, Le Paradis
sur terre. La première d'une nouvelle tournée a lieu
le 24 avril 2012 à Los Angeles. En France, il débute,
en mai, au Park&Suites Arena de Montpellier, où
il donne quatre représentations. Cette 181e tournée
le conduit, pour la troisième fois, au Stade de France
pour trois concerts, au terme desquels il devient l'unique
artiste à avoir donné neuf concerts dans cette enceinte.
La tournée se termine provisoirement le 3 août à Colmar.
Quelques jours plus tard, à Los Angeles, il commence
l'enregistrement d'un nouvel album, avant d'être hospitalisé
le 27 août, dans le service de réanimation du CHU de
Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, où il prenait quelques
jours de repos, à la suite d'une crise de tachycardie.
Après une nouvelle hospitalisation à Los Angeles, pour
des examens plus approfondis, il en sort le 7 septembre
et reprend peu après le chemin des studios.
Johnny
Hallyday reprend la scène le 4 octobre à Montréal. L'artiste
tourne à travers la France197 et à l'étranger, se produisant
ainsi à Bruxelles, Genève, New York, Londres, mais aussi,
pour la première fois Moscou et Tel Aviv, tandis que
paraît, en novembre, son 48e album studio, L'Attente.
Réalisé par Yvan Cassar et essentiellement écrit par
Christophe Miossec, l'opus est bien accueilli par la
presse et le public, s'écoulant à plus de 600 000 exemplaires.
Johnny donne, le 22 décembre, au Dôme de Marseille,
la dernière représentation de ce tour qui, en 64 concerts,
a attiré 650 000 spectateurs et s'avère être la tournée
la plus lucrative de l'année (On Stage). Durant le mois
de juin 2013, à l'aube de ses 70 ans, Hallyday est de
nouveau sur scène pour une mini tournée, nommée Born
Rocker Tour, comprenant 14 dates, dont trois à Bercy200.
Le soir de ses 70 ans, le 15 juin, le second concert
à Bercy est retransmis en direct sur TF1. Sitôt la représentation
terminée, Hallyday se rend au Théâtre de Paris, pour
un second concert, retransmis en direct sur MyTF1. Devant
un parterre de mille spectateurs, le récital est plus
rock 'n' roll et offre l'occasion d'un bœuf avec l'ex-chanteur
des Stray Cats, Brian Setzer, sur pas moins de six titres.
Le 25 novembre, sort le live Born Rocker Tour.
En
septembre, est annoncée, pour la fin de l'année, une
tournée en Asie. johnny Hallyday devant se produire
à Bangkok, Hanoi, Ho Chi Minh Ville et Hong Kong au
profit de la Fondation La Bonne Étoile, fondée par son
épouse Læticia, Hélène Darroze et Caroline Rostang,
en janvier 2012. Cette tournée caritative, dont le but
était de financer la construction d'écoles pour les
enfants victimes du sida, est officiellement annulée
début décembre, en raison des troubles politiques qui
agitent la Thaïlande. Un temps annoncée comme étant
reportée en avril 2014, le projet ne se concrétisera
finalement pas. Le 15 décembre, Johnny donne un concert
exceptionnel à Paris, au théâtre Trianon, au profit
de cette même fondation. À l'annonce du concert, le
mardi 10, les 1 200 places s'écoulent en 4 minutes.
De
la tournée américaine au Rester Vivant Tour (2014–2016)
Le
24 avril 2014, le chanteur débute, au Fonda Theatre
(en) de Los Angeles, une tournée aux États-Unis et au
Canada. Reprenant le Born Rocker Tour, il se produit,
jusqu'au 15 mai, dans une douzaine de villes de l'Amérique
du Nord. Du 5 au 10 novembre, en trio sous le nom Les
Vieilles Canailles, Eddy Mitchell, Jacques Dutronc et
Johnny Hallyday donnent six représentations à Bercy.
Produit
par Don Was, Rester vivant, titre de son nouvel album,
sort le 17 novembre 2014. Plébiscité par la presse,
l'opus est bien accueilli par le public et obtient le
meilleur démarrage de l'année avec 131 849 exemplaires
vendus la semaine de sa sortie. Le chanteur débute,
les 2 et 3 juillet 2015, à Nimes, une tournée des Festivals,
durant laquelle il se produit pour une dizaine de dates
en France, en Suisse et au Liban. Ce premier acte du
« Rester Vivant Tour », s'achève à Monaco, les 28 et
29 juillet, au Sporting Monte-Carlo. La tournée reprend
le 2 octobre à Nice, pour deux représentations. Le 9,
en concert à Lille, Johnny Hallyday annonce au public
l'enregistrement surprise d'un album studio, enregistré
en août à Los Angeles en dix jours et dans un secret
complet.
Le
disque De l'amour sort le 13 novembre et est le 50e
album studio du chanteur. Réalisé et composé par Yodelice
(à l'exception d'un titre écrit par Hallyday), l'opus,
plus engagé qu'à l'accoutumé, évoque des faits d'actualité
tragiques survenus ces derniers mois : l'affaire Michael
Brown, un Afro-Américain abattu par un policier à Ferguson
(Dans la peau de Mike Brown), le drame des migrants
fuyant la guerre civile syrienne (Valise ou cercueil),
l'immigration clandestine (Voyageur clandestin), les
marches républicaines après les attentats de janvier
2015 en France (Un dimanche de janvier), le terrorisme
islamiste (Avant de frapper). Johnny Hallyday considère
qu'il est « l'un de ses albums les plus intimes ». Ironie
du sort, De l'amour sort le jour même des attentats
en Île-de-France. Le lendemain, en concert au Zénith
de Strasbourg, Johnny Hallyday dédie la représentation
aux victimes et à leurs familles, avant d'observer une
minute de silence avec le public. Le 27 novembre (jour
de l'hommage national aux victimes), sur la scène de
Bercy, il chante Un dimanche de janvier, tandis que
le fond de la scène se teinte aux couleurs nationales.
Des applaudissements nourris précèdent une Marseillaise
improvisée par le public, alors que le chanteur accroche
au pied d'un micro un drapeau français. Le 16 décembre,
au Zénith d'Amiens, il joue son cinquantième et dernier
concert de l'année.
Les
22 et 23 janvier 2016, le Rester Vivant Tour redémarre
sur la scène de l'Arena à Montpellier. Il continue avec
le retour du chanteur à Bercy, pour deux représentations
début février. La seconde (le 3), est sa 93e représentation
dans cette salle, ce qui fait de Johnny Hallyday l'artiste
s'y étant le plus souvent produit. Cette troisième partie
de la tournée s'achève (pour l'Europe), avec deux concerts,
les 26 et 27 mars, au Palais 12 de Bruxelles, où les
représentations ont été maintenues malgré les récent
attentats qui ont frappé la capitale belge. Concerts
qui précédent ceux de Nouméa en Nouvelle Calédonie (29
avril) et de Tahiti à Papeete (4 mai).
Le
quatrième acte de la tournée débute à Sedan, le 29 juin
2016, pour douze représentations. L'une d'elle, est
donnée à l'Opéra Garnier, le 10 juillet, au profit de
la recherche contre le cancer. Le lendemain de l'attentat
du 14 juillet à Nice, Johnny Hallyday, en concert à
Sion (en Suisse), rend hommage aux victimes et observe
avec le public une minute de silence. Le 17 juillet,
au Arènes de Nîmes (où il se produit pour la troisième
fois de la tournée), il change le final de son récital
et chante Quand on n'a que l'amour de Jacques Brel.
La chanson s'achève par l'interprétation spontanée du
public de La Marseillaise. Ce final et l'hommage aux
victimes est conservé durant toutes les dernières représentations
de la tournée, qui s'achève le 21 juillet au Théâtre
Antique de Vienne. Durant le Rester Vivant Tour, Johnny
Hallyday a joué 90 représentations et interprété 48
titres différents (l'album live sort le 21 octobre 2016).
Cancer
du poumon et tournée des Vieilles Canailles (2016–2017)
En
décembre 2016, deux ans après leurs concerts à Bercy,
Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc annoncent
que Les Vieilles Canailles se reforment pour une tournée
en juin et juillet 2017.
Johnny
Hallyday révèle, le 8 mars 2017, sur Twitter, subir
un traitement en raison de cellules cancéreuses. Cette
annonce intervient trois jours après le piratage du
compte Facebook de sa fille Laura Smet faisant état
d'un cancer incurable. Closer révèle qu'il est atteint
d'un cancer du poumon et que son état est « très préoccupant
». Il dément les rumeurs diffusées par plusieurs médias
sur la propagation de métastases à d'autres organes,
notamment son foie et son estomac.
C'est
un bilan de santé complet réalisé en octobre 2016 qui
a permis de lui déceler une tumeur au poumon. Peu avant
la fin de l'année 2016, il commence en toute discrétion
une chimiothérapie médicamenteuse à domicile. Après
l'échec de plusieurs protocoles, il suit d'autres séances
de chimiothérapie, entrecoupées d'immunothérapie, moins
agressives, au centre médical Cedars-Sinai de Los Angeles.
En
mai 2017, son entourage confirme sa participation à
la tournée des Vieilles Canailles, démentant la rumeur
selon laquelle il renoncerait à se produire sur scène.
La tournée débute à Lille le 10 juin, passant par la
Belgique, la Suisse et Paris avec deux représentations
à Bercy (les 24 et 25 juin, la première, retransmise
en direct sur TF1, réunissant près de quatre millions
de téléspectateurs). Les Vieilles Canailles donnent
leur dix-septième et dernier concert à Carcassonne,
le 5 juillet.
Quelques
jours après ce dernier concert, Johnny Hallyday est
hospitalisé, puis fin juillet, passe quelques semaines
de vacances dans sa villa de Saint-Barthélémy. À l'automne,
il regagne son domicile de Marnes-la-Coquette. Malgré
son état de santé déclinant, il parvient à enregistrer
dix titres d'un nouvel album dans le studio Guillaume
Tell.
Il
est hospitalisé d'urgence le 13 novembre 2017, à la
clinique Bizet (Paris 16e), pour détresse respiratoire.
Ses examens confirment une progression de sa maladie.
Son entourage dément sa mort, qui est annoncée de façon
récurrente sur les réseaux sociaux. Il regagne le 18
novembre sa résidence « La Savannah », où sa femme fait
installer un lit médicalisé, tandis qu'un médecin et
trois infirmières se relaient à son chevet. Les derniers
jours avant sa mort, il est placé sous assistance respiratoire
et mis sous morphine pour calmer la douleur, alors qu'il
peut se lever seulement une demi-heure par jour.
Mort
et inhumation
Il
meurt à l'âge de 74 ans à son domicile
de Marnes-la-Coquette, dans l'ouest parisien, dans la
nuit du 5 au 6, des suites de son cancer du poumon.
Læticia
Hallyday annonce la mort de son mari par un communiqué
de presse adressé à l'AFP : « Johnny
Hallyday est parti. […] J'écris ces mots sans
y croire. Et pourtant, c'est bien cela. Mon homme n'est
plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu
tout au long de sa vie, avec courage et dignité.
Jusqu'au dernier instant, il a tenu tête à
cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous
donnant à tous des leçons de vie extraordinaires.
[…] ».
Le
président de la République française,
Emmanuel Macron, publie le communiqué suivant
: « De Johnny Hallyday nous n'oublierons ni le
nom, ni la gueule, ni la voix, ni surtout les interprétations,
qui, avec ce lyrisme brut et sensible, appartiennent
aujourd'hui pleinement à l'histoire de la chanson
française. Il a fait entrer une part d'Amérique
dans notre Panthéon national. » Son épouse,
Brigitte Macron, s'est rendue au domicile du chanteur
pour se recueillir auprès de ses proches. Les
anciens présidents François Hollande et
Nicolas Sarkozy saluent également sa mémoire
et de nombreux artistes lui rendent hommage en des termes
très élogieux. À l'Assemblée
nationale, les députés lui réservent
une ovation, tandis que le Premier ministre, Édouard
Philippe, salue la mémoire d'un « artiste
exceptionnel ». Son ami Eddy Mitchell déclare
: « J'ai perdu plus qu'un ami, j'ai perdu mon
frère ».
À
l’annonce de sa mort, la presse internationale lui rend
hommage et les journaux du monde entier saluent la carrière
du chanteur. Aux États-Unis, le New York Times
et CNN International décrivent Johnny Hallyday
comme l’« Elvis Presley de la France ».
Le
décès de Johnny Hallyday survient moins
de 24 heures après celui d'une autre figure culturelle,
l'académicien Jean d'Ormesson. Bruno Frappat,
dans La Croix, parle de la disparition de « deux
voix de la France » et Philippe Labro de celle
de « deux icônes nationales ». Le
Point compare l'événement aux morts quasi-simultanées,
en 1963, d'Édith Piaf et de Jean Cocteau.
Alors
que le corps de Johnny Hallyday repose au funérarium
de Mont Valérien, le 7 décembre 2017,
un communiqué de presse du palais de l'Élysée
indique qu'il a été convenu avec la famille
et les proches, de lui rendre un « hommage populaire
» lors de ses obsèques qui ont lieu deux
jours plus tard, le samedi 9 décembre 2017. Le
convoi funéraire part de l'Arc de Triomphe, descend
les Champs-Élysées jusqu'à la place
de la Concorde, toutes les deux fermées à
la circulation pour l'occasion, avant de se rendre à
l'église de la Madeleine pour un office religieux.
Le corbillard aux vitres transparentes transportant
le cercueil blanc (clin d’œil à Elvis Presley
selon les dernières volontés du chanteur)
est précédé d'une escorte de quinze
motards de la police et suivi d'un cortège de
nombreux véhicules funéraires et de 700
bikers (« motards » en français)
venus de la France entière. Il fait des haltes
régulières sur le trajet pendant que les
principaux tubes du chanteur sont interprétés
par les musiciens de Johnny Halliday depuis une scène
dressée sur le parvis de la Madeleine. Selon
les chiffres de la préfecture de police de Paris,
entre 800 000 et 1 million de personnes assistent à
cet hommage dans les rues de la capitale. Les obsèques
sont retransmises en direct sur les deux chaînes
de télévision TF1 et France 2 cumulant
plus de 11 millions de spectateurs (68 % de part d'audience).
Le président Emmanuel Macron prononce un éloge
funèbre sur le parvis de la Madeleine, avant
l'hommage religieux. La descente sur les Champs-Élysées
ou des obsèques nationales étaient des
pistes envisagées par l'État dès
son coma en 2009.
Plusieurs
célébrités de la chanson, du cinéma
ou des médias sont présentes dans l’église
de la Madeleine telles que : Eddy Mitchell, Gad Elmaleh,
Nikos Aliagas, Michel Drucker, Marion Cotillard, Jean
Reno, Line Renaud, Marion Cotillard, Jean Dujardin,
Patrick Bruel, etc. Outre le président de la
République, plusieurs personnalités politiques
sont également présentes : le premier
ministre Édouard Philippe, le président
du Sénat Gérard Larcher, les anciens président
de la République Nicolas Sarkozy et François
Hollande, accompagnés de leur épouse et
compagne, Carla Bruni et Julie Gayet.
Philippe
Labro, Daniel Rondeau, Jean Reno, Patrick Bruel et Line
Renaud ont chacun fait des interventions orales, afin
de lui dire un dernier adieu. À la demande des
deux plus jeunes filles du chanteur, le comédien
Jean Reno a lu l’Enterrement d'une feuille morte, un
poème bien connu de Jacques Prévert.
La
comédienne Marion Cotillard a lu la Première
lettre de l'apôtre Paul aux Corinthiens287. La
comédienne Carole Bouquet a lu à son tour
les intentions de prière du jour (la Prière
universelle), les guitaristes du défunt lui répondant,
sur leurs instruments, avec quelques-unes de ses chansons
les plus connues.
Les
guitaristes du défunt, auxquels s'était
joint Matthieu Chedid, ont ponctué d'autres moments
de la cérémonie religieuse avec plusieurs
chansons célèbres de son répertoire.
À l'initiative de motards présents dans
l'église, l'assemblée s'est parfois levée
en marquant le rythme avec enthousiasme.
Le
violoncelliste Gautier Capuçon et le pianiste
Yvan Cassar ont interprété une transcription
d’Après un rêve, célèbre
mélodie pour chant et piano de Gabriel Fauré.
Puisant dans un autre répertoire, ils ont ensuite
joué l'adaptation d'une chanson que Johnny Hallyday
avait reprise : l’Hymne à l'amour, qui avait
été un des plus grands succès d'Édith
Piaf. La mort de cette dernière artiste, en 1963,
avait déjà donné lieu à
une même ferveur populaire. Dans le courant de
la cérémonie, le violoncelliste et le
pianiste ont encore fait entendre une transcription
d'une autre partition célèbre, la Méditation
de Thaïs, de Jules Massenet. Avant la fin de la
cérémonie, la soprano lyrique Julie Fuchs
a chanté une partition bien connue, l'Ave Maria
de Schubert. Dès le début, 8 choristes
du chœur de l'église de la Madeleine ont participé
à la liturgie.
Conformément
à son souhait, Johnny Hallyday est inhumé
le 11 décembre 2017, dans l'intimité familiale
et de ses amis proches, au cimetière de Lorient,
sur l'île de Saint-Barthélemy, où
le chanteur possédait une propriété.
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