Louis
de Funès est un des acteurs comiques les plus célèbres
du cinéma français d’après-guerre. Le personnage de
français moyen impulsif, râleur, au franc-parler parfois
dévastateur qu’il a incarné depuis le milieu des années
cinquante fut très populaire dans les années 1960, 1970
et 1980, assurant des succès commerciaux à ses films1.
Encore aujourd’hui, il est toujours considéré comme
une référence emblématique du cinéma populaire français
et est internationalement connu.
UNE
FAMILLE EXILEE
Né
à Courbevoie le 31 juillet 1914, Louis de Funès est
le troisième enfant3 d’un couple arrivé d’Espagne en
France en 1904 après que son père, Carlos Luis de Funes
de Galarza (1871-19344), eut enlevé sa mère Leonor Soto
y Reguera (1878-19575) parce que la famille de celle-ci
s’opposait à leur union.
Son
père, qui ne peut plus exercer sa profession d’avocat
(comme il le faisait en Espagne) depuis son installation
en France, s’improvise diamantaire. Ce père, préoccupé
par l’avenir de son fils, personnage
un peu fantasque qu’il a peu connu, semble avoir eu
moins d'influence sur lui que sa mère. Ainsi, Louis
de Funès a raconté qu’elle fut son premier professeur
de comédie : « Il arrivait à ma mère de me courser autour
de la table en criant “Yé vais té touer”, dans sa façon
d’être et d’agir, elle possédait, sans le savoir, le
génie des planches. ». Elle lui donne également ses
premières leçons de piano à l’âge de 5 ans10. Louis
de Funès passe toute son enfance à Villiers-sur-Marne
(Seine-et-Oise, aujourd'hui Val-de-Marne) où il fréquente
l'école Jules Ferry.
En
1930, à 16 ans, après des études secondaires moyennes
au lycée Condorcet et sur les conseils de son frère
devenu fourreur, Louis de Funès entre à l’École Professionnelle
de la Fourrure, mais il en est renvoyé, pour chahut.
Il travaille ensuite chez plusieurs fourreurs, exerce
successivement différents métiers, mais, à cause de
ses renvois systématiques et par lassitude de ses frasques
professionnelles, ses parents l’inscrivent en 1932 à
l’École Technique de Photographie et de Cinéma (ETPC),
aujourd'hui École nationale supérieure Louis-Lumière,
située à deux pas de son domicile, où il choisit la
section cinéma. Dans les cours, il a notamment pour
condisciple Henri Decaë, qui fut, bien plus tard, directeur
de la photographie sur plusieurs de ses films. Finalement,
il est renvoyé pour incendie volontaire.
Commence
alors le cycle de périodes de chômage et d’emplois
(étalagiste, dessinateur industriel pour le carrossier
Labourdette, puis le constructeur automobile Rosengart,
aide comptable, etc.) d’où il finit toujours par se
faire renvoyer. En 1936, il épouse sa première femme,
Germaine Louise Élodie Carroyer. Un enfant naît de cette
union en 1937, Daniel de Funès16, mais le couple se
sépare très vite, même si le divorce n’est prononcé
qu’en 1942. Bientôt, il commence à se faire engager
comme pianiste de bar1. Il joue dans un grand nombre
d’établissements, enchaînant des soirées de douze heures
(de 17 h 30 à 5 h 30 du matin), payé à la coupelle
(le pourboire des clients) ou touchant un cachet de
misère. Le cinéaste Georges Lautner se souvient : «
Je l'ai rencontré en 1942 lorsqu'il était pianiste à
la Madeleine. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait
le piano à 4 mains avec l'inspecteur. Lorsque ce dernier
jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait
».Louis de Funès est alors un excellent musicien,
selon Eddie Barclay, car il a l’oreille musicale –
ce dont il se servira dans certains de ses films, tels
que La Rue sans loi, Frou-Frou, Le Corniaud, La Grande
Vadrouille, Le Grand Restaurant ou encore L’Homme orchestre
– et possède une bonne connaissance du cinéma de son
époque.
LES
DEBUTS DU COMEDIEN
En
1942, à l’âge de 28 ans, il décide de devenir comédien,
et s’inscrit au Cours Simon, réussissant son concours
d’entrée grâce à une interprétation d’une scène des
Fourberies de Scapin, de Molière21. Même s’il n’y fait
qu’un court passage, il croise dans le cours d'autres
apprentis comédiens, comme Daniel Gélin, qui lui permet
de débuter plus tard dans la pièce L’Amant de Paille,
de Marc-Gilbert Sauvajon : « Un hasard prodigieux. Je
descendais d’un wagon de première dans le métro et Daniel
Gélin, déjà croisé au cours René-Simon, montait dans
un wagon de seconde. La porte allait se refermer lorsqu’il
me crie “Téléphone-moi demain. J’ai un petit rôle pour
toi.” ». À côté de quelques petites figurations
théâtrales, l’acteur se démène pour gagner sa vie grâce
à ses activités de pianiste, donnant parfois des cours
le jour, puis jouant la nuit à travers le Paris nocturne.
Louis s’étant remarié en 1943 avec Jeanne Augustine
Barthélemy dit de Maupassant, ils habiteront un petit
deux pièces au 42, rue de Maubeuge. En 1944, il a un
deuxième fils, Patrick, et, en 1949, un troisième fils,
Olivier, qui tiendra quelques rôles au côté de son père,
au cinéma comme au théâtre.
En
1945, toujours grâce à Daniel Gélin, il débute au
cinéma dans La Tentation de Barbizon, de Jean Stelli.
Dans le minuscule rôle du portier du cabaret « Le Paradis
», il prononce sa première réplique à l'écran en voyant
un client (interprété par Pierre Larquey) essayer de
passer à travers la porte fermée : « Ben, il a son compte
celui-là, aujourd’hui ! ». Ce rôle est le départ d’une
course à la participation dans des productions cinématographiques,
l'acteur enchaînant silhouettes, figurations et petits
rôles. Quelquefois, il incarne même plusieurs personnages
dans un même film, comme pour Du Guesclin, de Bernard
de Latour, en 1948, où il tient tour à tour le rôle
de mendiant, chef de bande, astrologue, seigneur, etc.
UNE
IRRESISTIBLE ASCENSION VERS LA TETE D'AFFICHE
Au
début des années 1950, Sacha Guitry lui confie plusieurs
petits rôles, notamment dans La Poison (1951), Je l'ai
été trois fois (1952), Si Paris nous était conté (1955)
et surtout La Vie d'un honnête homme (1953) où il a
un rôle un peu plus consistant de valet de chambre «
obséquieux et fourbe, presque inquiétant l'espace d'un
plan ». Dans ce film, son personnage s'affine un peu
plus – « il apparait “au naturel”, sans grimace ni moustache
» – et il est associé pour la première fois à Claude
Gensac. En 1952, il rejoint la troupe des Branquignols
dirigée par Robert Dhéry. Il débute d’abord dans la
revue Bouboute et Sélection, puis dans Ah ! les belles
bacchantes en 1953. Cette revue obtient un grand succès
– deux années de représentations – et contribue à le
faire connaître. De plus, intégré dans une troupe dédiée
au comique, l’acteur va perfectionner sa technique et
explorer des facettes de son talent jusque-là délaissées.
On le retrouve l’année suivante dans l’adaptation à
l’écran du spectacle, Ah ! les belles bacchantes de
Jean Loubignac, qui est son premier film en couleurs.
Cette même année, il joue face à Fernandel dans Le Mouton
à cinq pattes d’Henri Verneuil et pour la première fois
face à Bourvil dans Poisson d’avril de Gilles Grangier.
Jean-Paul Le Chanois, après lui avoir confié deux petits
rôles dans Sans laisser d'adresse (1951) et Agence matrimoniale
(1952), lui offre le second rôle de M. Calomel dans
la comédie populaire à succès Papa, maman, la bonne
et moi (1954) et sa suite Papa, maman, ma femme et moi
(1956).
En
1956, il obtient un début de reconnaissance au cinéma
dans La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara, où
il joue l’épicier Jambier. Il s’impose avec force face
à Jean Gabin et Bourvil, dans une prestation de quelques
minutes au cours de laquelle il dessine en quelque sorte
son futur personnage : lâche devant « le fort » (Jean
Gabin) et colérique devant « le faible » (Bourvil).
Même si le film a atteint aujourd’hui le statut de film
culte, il connaît à sa sortie un succès public mitigé[réf.
nécessaire]. Dès l’année suivante, Maurice Regamey lui
offre son premier rôle principal dans Comme un cheveu
sur la soupe. Son interprétation d'un compositeur suicidaire
vaut à l’acteur le Grand Prix du Rire 1957, sa première
récompense et le film, « petite production sans prétention,
qui aurait dû passer inaperçue, tient l'affiche
de très longues semaines. ». Toujours en 1957, il
est la tête d’affiche de Ni vu... Ni connu..., d’Yves
Robert, dans le rôle du braconnier Blaireau. Accompagné
de son chien « Fous le camp », cet « avatar rural de
Guignol » brave toutes les formes d'autorité et finit
toujours par échapper au garde-chasse. Le film est un
beau succès à sa sortie et vaut à l'acteur quelques
articles laudateurs dans la presse, à l'instar de l'hebdomadaire
France Dimanche, qui, dans son numéro du 20 septembre
1957, titre à la une : « Louis de Funès, l'acteur le
plus drôle de France ». On le retrouve encore dans
un rôle principal en 1958 dans Taxi, Roulotte et Corrida,
d’André Hunebelle, tourné en Espagne, qui connaît un
certain succès. Pourtant, la progression de sa carrière
au cinéma marque une pause, et l’acteur va retourner
à des films ou des rôles moins importants pour quelque
temps.
DEUX
RÔLES DECISIFS
C’est
d’abord au théâtre que la carrière de Louis de Funès
va connaître une nouvelle accélération. Depuis ses débuts,
l’acteur ne s’est jamais éloigné des planches et il
reprend notamment, en 1957, aux côtés de Danielle Darrieux
et Robert Lamoureux, le rôle créé par Raimu dans Faisons
un rêve de Sacha Guitry. Le biographe de l’auteur, Jacques
Lorcey, note : « Ce sera la dernière grande joie de
notre Sacha. Ce succès, obtenu par des vedettes
tellement différentes des créateurs lui apporte la certitude
que son théâtre lui survivra. ». En septembre 1959
pour les tournées Karsenty, il débute les répétitions
d'Oscar, une pièce de Claude Magnier créée à Paris en
1958 avec une distribution qui comprenait Pierre Mondy
et Jean-Paul Belmondo. À partir du 1er octobre, commencent
les cent jours d’une tournée qui va le conduire dans
les provinces françaises et le Maghreb. Le succès est
tel qu'on lui propose de reprendre la pièce à Paris
en janvier 1961. D’abord hésitant pour cette reprise
parisienne , il accepte. Finalement la pièce est un
énorme succès et sur scène, il multiplie les improvisations
et les prouesses physiques. L’acteur reprendra « ce
rôle fétiche » dans l’adaptation cinématographique de
la pièce réalisée par Édouard Molinaro en 1967, puis
à nouveau sur scène au début des années 70 dans une
mise en scène de Pierre Mondy.
En
parallèle, il continue à tourner. On le retrouve par
exemple en 1961 dans un petit rôle de barman dans Le
crime ne paie pas, le troisième film réalisé par Gérard
Oury. Lors du tournage, alors qu'il tient le seul rôle
comique du film, Louis de Funès essaie de convaincre
le réalisateur qu'il est fait pour tourner des films
comiques : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et
tu ne parviendras à t'exprimer vraiment que lorsque
tu auras admis cette vérité là ». En 1963, il retrouve
la tête d’affiche avec Pouic-Pouic, l’adaptation par
Jean Girault de la pièce de boulevard Sans cérémonie,
qu’il avait écrite avec Jacques Vilfrid. Louis de Funès
avait participé à la création de la pièce en 1952 –
il tenait le rôle du maître d’hôtel incarné par Christian
Marin dans le film – mais la pièce n’avait pas connu
le succès. Finalement, malgré cet insuccès et les difficultés
rencontrées par le réalisateur auprès des producteurs
pour monter le projet autour de Louis de Funès, ce
film permet à l'acteur de retrouver un large public
et marque le départ de la seconde partie de sa carrière
qui ne verra plus sa popularité fléchir.
Dans
Oscar comme dans Pouic-Pouic, Louis de Funès incarne
un homme aisé et irascible, ayant des difficultés avec
sa progéniture : il décline son « personnage fétiche
inspiré du Pantalon » de la commedia dell’arte. Il
a maintenant créé son personnage comique : colérique,
autoritaire, grimaçant, tout en énergie et « a gommé
certaines outrances qui le parasitaient dans les années
cinquante »
LA
CONSECRATION D'UN MAÎTRE DU RIRE
Pouic-Pouic
où il incarne un boursicoteur harcelé par les histoires
de famille et les péripéties domestiques, marque aussi
le début de la collaboration entre Louis de Funès et
Jean Girault, lui aussi musicien, qui produisit douze
films qui rencontreront le plus souvent un très large
public. Après Faites sauter la banque !, en 1964, dans
lequel il prépare en famille le braquage d'une banque,
ils tournent ensemble, malgré les réticences des producteurs,
qui préfèrent Darry Cowl ou Francis Blanche, le premier
volet de la série des Gendarmes, Le Gendarme de Saint-Tropez,
qui rencontre un succès considérable et installe l’acteur
en haut du box-office pour la première fois. À peine
deux mois plus tard, il triomphe à nouveau dans le rôle
d’un représentant de l’ordre dans Fantômas. Dans ce
film construit sur la double composition (Fantômas/Fandor)
de Jean Marais comme premier rôle , il transfigure son
personnage de réplique comique et en devient la vedette
en éclipsant ses partenaires. Pendant que les succès
populaires s’accumulent, en 1965, il tourne Le Corniaud,
avec un rôle d'homme d'affaires louche, réalisé par
Gérard Oury, où il partage l’affiche avec Bourvil. La
sortie du film en mars 1965 est un nouveau triomphe.
En 1966, Le Grand Restaurant, avec une nouvelle scène
d'anthologie où il se prend pour Adolf Hitler, puis
La Grande Vadrouille dans un rôle de chef d'orchestre
tyrannique dans la France de l'occupation, de nouveau
avec Bourvil et réalisé par Gérard Oury, connaît un
succès colossal : le film a en effet détenu longtemps
le record du plus grand nombre de places de cinéma vendues
en France (17 millions). Il n’a été détrôné qu’en 1998,
par le film Titanic de James Cameron, mais il demeura
le film français ayant obtenu le plus grand nombre d'entrées
en salle pendant plus de quarante ans. Il est, depuis
peu, devancé par Bienvenue chez les Ch'tis. La Folie
des grandeurs de Gérard Oury doit marquer les retrouvailles
de Louis de Funès et de Bourvil, mais la mort de ce
dernier faillit interrompre le projet. Simone Signoret
suggère alors le nom de Yves Montand à Oury, qui perçoit
le potentiel du duo, après quelques adaptations : «
J'avais conçu pour Bourvil un rôle de valet de comédie
genre Sganarelle. Montand sera plus proche de Scapin
»
RETOUR
AU THEÂTRE
Fin
novembre 1971, au théâtre du Palais-Royal, il reprend
Oscar, qu’il joue presque chaque soir jusqu’à septembre
1972 avec une interruption pendant l’été (Oscar est
jouée plus de 400 fois). À partir de mars 1973, il s’investit
énormément dans le tournage des Aventures de Rabbi Jacob
qui sort le 18 octobre de la même année. Le lendemain,
Louis de Funès est à nouveau sur les planches à la Comédie
des Champs-Élysées, pour ce qui fut sa dernière apparition
au théâtre. Jusqu’au 25 avril 1974, il joue presque
200 fois la pièce de Jean Anouilh, La Valse des toréadors.
À partir de là, il se repose au château de Clermont,
situé au Cellier en Loire-Atlantique ; il jardine beaucoup
et refuse d’entreprendre quoi que ce soit en prévision
du tournage très physique du prochain film de Gérard
Oury. Dans Le Crocodile, dont le premier tour de manivelle
est prévu pour mai 1975, il doit jouer le rôle d’un
dictateur sud-américain, « un petit colonel cupide,
teigneux, couard avec des faiblesses : le fric, sa femme,
son fils ».
UNE
SANTE PRECAIRE
En
mars 1975, alors que la préproduction du Crocodile est
très avancée, il est victime de deux infarctus consécutifs
qui manquent de l’emporter. Il doit ralentir son rythme
de travail et renonce définitivement à sa carrière théâtrale,
incompatible avec son état. Sa carrière au cinéma
est aussi compromise car outre sa condition physique
amoindrie, les risques de rechute font que les assureurs
ne veulent plus prendre le risque de le couvrir pour
un film. Déterminé, le producteur Christian Fechner
réussit finalement à obtenir un accord pour une assurance
de deux semaines et prend le risque de produire L'Aile
ou la Cuisse avec seulement une petite partie du tournage
assurée. Lorsque le film sort le 27 octobre 1976,
le public français retrouve l’acteur amaigri à l’écran
et plébiscite son retour – presque six millions d’entrées
– aux côtés de Coluche.
Louis
de Funès réapparaît donc à l’écran, mais son médecin
est toujours sur le plateau, ainsi qu’une ambulance.
Il continue à tourner mais à un rythme beaucoup moins
soutenu qu'à ses débuts, comme La Zizanie avec Annie
Girardot en 1978 ou Le Gendarme et les Extra-terrestres
en 1979, et surtout, il appréhende son comique d'une
nouvelle manière, parce que reconnaît-il : « je ne peux
plus faire de la brutalité. Cette brutalité, cette colère
est un produit que j'avais fabriqué pour un rôle et
tous les metteurs en scène m'ont demandé ce produit
. Désormais, ce comique ne m'intéresse plus ».
En
1980, il réalise un vieux rêve : adapter au cinéma une
pièce de Molière et en réaliser une version à son image.
C’est ainsi que L’Avare arrive sur les écrans de cinéma,
mais ne rencontre qu’un modeste succès (en 1964 déjà,
il avait enregistré sur un disque 33 tours 6 textes
de pièces de Molière, dont des extraits de L'Avare,
et 10 fables de Jean de La Fontaine). Cette même année
1980, il reçoit cependant un César d’honneur pour l’ensemble
de sa carrière, des mains de Jerry Lewis.
Plus
tard, un de ses fils lui conseille de lire un roman
de René Fallet intitulé La Soupe aux choux, qui, selon
lui, a le potentiel pour pouvoir « faire un bon film
». Une adaptation au cinéma est tournée en compagnie
de Jean Carmet et de Jacques Villeret.
Le
Gendarme et les Gendarmettes est son dernier film. Le
27 janvier 1983, il est victime d’un nouvel infarctus,
qui lui est fatal. Il est enterré au cimetière du Cellier
le 29 janvier 1983.
LES
RESSORTS DE L'HUMOUR DE LOUIS DE FUNES
Les
capacités de Louis de Funès à mimer et à faire des grimaces
sont les principaux aspects de son humour. Le mime est
pour lui essentiel pour ponctuer ses mots : « Quand
on décrit une forme de bouteille avec ses deux mains,
expliquait-il en joignant le geste à la parole, la bouteille
est là, on la voit. Elle flotte un instant dans l’espace,
même quand le geste est terminé. ». Il joue aussi beaucoup
sur la répétition dans une scène de ses gestes ou paroles.
De plus le ressort de son humour est aussi capté dans
le caractère excessif des sentiments et émotions qu’il
exprime, que ce soit la peur ou le désespoir – feint
ou réel – de son personnage.
Il
excelle en particulier dans l’expression de la colère
: grognements, bruits de la bouche, gifles répétitives
sur les autres personnages, grands gestes, etc. Ses
rôles se prêtaient volontiers à ce jeu : ses personnages
sont souvent hypocrites, antipathiques, sans être, la
plupart du temps, méchants ou incapables de rédemption.
Louis de Funès disait que rien ne le faisait plus rire,
dans la vie courante, qu’une personne en engueulant
une autre, sans que cette dernière puisse répliquer.
Sa
petite taille (1,64 m54) contrastait avec celle de ses
partenaires plus grands (Bourvil, Yves Montand) et ajoutait
un autre élément comique au personnage.
L'ART
DU DEGUISEMENT
Même
s’il n’a pas souvent eu l’occasion d’y recourir dans
les nombreux films auxquels il a participé, Louis de
Funès portait volontiers des déguisements pour accentuer,
parfois jusqu’à l'outrance, les situations comiques
dans lesquelles il faisait évoluer ses personnages.
On peut retenir parmi tous ces déguisements : son déguisement
en chinois et en policier américain dans Le Gendarme
à New York, en religieuse dans Le Gendarme et les Extra-terrestres,
en rabbin hassidique dans Les Aventures de Rabbi Jacob,
en poète maniéré portant une perruque dans Le Grand
Restaurant, en femme voilée dans Le Gendarme de Saint-Tropez,
en gendarmette dans Le Gendarme et les Gendarmettes
sans oublier les costumes de la Belle Époque dans Hibernatus,
en soldat allemand au casque trop grand dans La Grande
Vadrouille, en marin hollandais dans Les Grandes Vacances,
en dame de la cour dans La Folie des grandeurs, l'inoubliable
uniforme du Gendarme de Saint-Tropez ou encore en vieille
femme , en américain et en chauffeur dans L'Aile ou
la Cuisse.
DES
DUOS CELEBRES
Le
talent de Louis de Funès fonctionnait bien dans le cadre
de duos réguliers ou occasionnels avec des acteurs très
divers. Claude Gensac, connue pour le surnom que Cruchot
lui donne dans la série des Gendarmes : « Ma biche »,
fut la complice féminine des personnages de Louis de
Funès ; elle a souvent joué sa femme à l’écran. Louis
de Funès a aussi beaucoup joué avec Michel Galabru,
son supérieur dans la série des Gendarmes et lui sert
de faire-valoir burlesque. Plusieurs scènes de La Folie
des grandeurs sont restées célèbres, comme le réveil
avec les rimes en « or » ou le nettoyage des oreilles,
et font tout de suite penser à Yves Montand. Louis de
Funès a aussi joué de célèbres scènes avec Coluche dans
L'Aile ou la Cuisse. Mais son duo le plus marquant est
celui formé avec Bourvil dans Le Corniaud et surtout
dans La Grande Vadrouille.
Il
a aussi joué avec son fils, Olivier de Funès, dans Les
Grandes Vacances, L’Homme orchestre, Le Grand Restaurant,
Sur un arbre perché, Fantômas se déchaîne et Hibernatus.
D'autres acteurs ont joué plusieurs fois avec lui, comme
Bernard Blier (Les Hussards, Jo et Le Grand Restaurant),
Jean Gabin (Le Tatoué, La Traversée de Paris et Le Gentleman
d’Epsom), Jean Marais (Le Capitaine Fracasse, Fantômas,
Fantômas se déchaîne et Fantômas contre Scotland Yard),
Maurice Risch (Les Grandes Vacances,Le Grand Restaurant,
La Zizanie et certains épisodes du Gendarme de Saint-Tropez),
Michel Simon (La Vie d'un honnête homme)… Il fut également
aux côtés de Fernandel dans Le Mouton à cinq pattes,
Mam'zelle Nitouche et Boniface somnambule au cinéma
(ils ne firent que se croiser dans La Vie à deux, et
2 sketches différents du film à sketches Le Diable et
les Dix Commandements), et sur disque dans Un client
sérieux de Georges Courteline en 1954. Il a également
joué avec le duo Guy Grosso et Michel Modo dans La série
des Gendarmes ou encore le Grand Restaurant et aussi
dans des films où les deux acteurs jouent des rôles
secondaires comme la Grande Vadrouille, Le Corniaud,
Faites Sauter la banque, Les Grandes Vacances, ...
QUELQUES
DUOS
Coluche
dans L'Aile ou la Cuisse
Jean
Richard dans Les Bons Vivants, Les Tortillards, Certains
l'aiment froide, Courte Tête, Mon pote le gitan et Candide
Bourvil
dans Le Corniaud, La Traversée de Paris, Poisson d'avril,
La Grande Vadrouille et Les Hussards
Annie
Girardot dans La Zizanie
Claude
Gensac dans La Vie d'un honnête homme, Hibernatus, Jo,
Le gendarme se marie, Le Gendarme en balade, L'Aile
ou la Cuisse, Oscar, L'Avare, et Le Gendarme et les
Gendarmettes ainsi que Les Grandes Vacances, et La Soupe
aux choux
Michel
Galabru dans Nous irons à Deauville, Le Gendarme de
Saint-Tropez, Le Gendarme à New York, Le gendarme se
marie, Le Gendarme en balade, Jo, Le Petit Baigneur,
Le Gendarme et les Extra-terrestres, L'Avare, et Le
Gendarme et les Gendarmettes
Bernard
Blier dans Le Grand Restaurant, Jo et Les Hussards
Jean
Gabin dans Le Tatoué, La Traversée de Paris et Le Gentleman
d'Epsom
Jean
Marais dans la trilogie des Fantômas , Le Capitaine
Fracasse et Dortoir des grandes
Mylène
Demongeot dans la trilogie des Fantômas et Frou-Frou
Robert
Lamoureux dans Papa, maman, la bonne et moi, Si Paris
nous était conté et Papa, maman, ma femme et moi
Jean-Claude
Brialy dans Carambolages et Le Diable et les Dix Commandements
Mireille
Darc dans Les Bons Vivants, Des pissenlits par la racine
et Pouic-Pouic
Yves
Montand dans La Folie des grandeurs
Claude
Rich dans Oscar et Ni vu... Ni connu...
Jacqueline
Maillan dans Pouic-Pouic, Ah ! les belles bacchantes
et "Les Veinards"
Robert
Dhéry dans Le Petit Baigneur,Ah ! les belles bacchantes,La
Belle Américaine
Geraldine
Chaplin dans Sur un arbre perché
Jean-Pierre
Marielle dans Faites sauter la banque !
Fernand
Raynaud dans La Bande à papa
Michel
Serrault dans Des pissenlits par la racine, Carambolage,
Nous irons à Deauville, Ah ! les belles bacchantes,
La Belle Américaine
Jean
Carmet dans La Soupe aux choux et Le Diable et les Dix
Commandements
Jacques
Villeret dans La Soupe aux choux
UN
SENS INNE DE LA DANSE ET DE LA MUSIQUE
Selon
Colette Brosset, Louis de Funès avait la musique et
la danse dans la peau. Sa capacité à assimiler et à
servir une chorégraphie était étonnante. Ses arabesques
font merveille dans les films comme Ah ! les belles
bacchantes, Le Grand Restaurant, L’Homme orchestre ou
Les Aventures de Rabbi Jacob. On peut aussi le voir
et l’entendre jouer du piano dans, par exemple, Je n’aime
que toi, de Pierre Montazel, Frou-Frou, d'Augusto Genina,
ou Ah ! les belles bacchantes, de Jean Loubignac (avec
Francis Blanche au chant, dans Chanter sous le soleil,
des célèbres Bouvart et Ratinet).
INTERPRETE
DE CHANSONS
(mais
aussi de fables, de pièces de théâtre -classiques, vaudevilles-,
ou encore d'histoires pour enfants (Les Aristochats),
le tout gravé sur microsillons)
1962
: Pour toi, musique Gérard Calvi, dans La grosse valse,
avec accompagnement à la guitare
1962
: Dans mes godasses, avec Robert Dhéry, musique Gérard
Calvi, dans La grosse valse (en douanier Rousel)
1962
: C'est défendu, avec R. Dhéry, Grosso, Modo, P. Tornade
et J. Legras, musique G. Calvi, toujours dans La grosse
valse (avec les douaniers : "Engagez-vous !")
1962
: Comme la douane, musique G. Calvi, avec Grosso, Modo,
P. Tornade, encore dans La grosse valse
1967
: Ferme tes yeux mon bébé, mélodie et paroles: mémé
Fourchaume, dans Le Petit Baigneur (et non Gérard Calvi
cette fois)
1970
: Les poupons (ou Quand tu fais "La la la - la
la", avec son fils Olivier), musique François de
Roubaix, paroles Jean Halain et Remo Forlani, pour L'Homme
orchestre
1981
(24 décembre) : Le Divin enfant sur le plateau du Grand
anniversaire, émission animée ce soir-là par Guy Béart
sur FR3
FILMS
1.
Le gendarme et les gendarmettes (1982) (Brigadier Cruchot)
2.
La soupe aux choux (1981) (Claude Ratinier dit "Le
Glaude")
3.
L'avare (1979) (Harpagon)
4.
Le gendarme et les extra-terrestres (1979) (Cruchot)
5.
La zizanie (1978) (Guillaume)
6.
L'aile ou la cuisse (1976) (Charles Duchemin)
7.
Les aventures de Rabbi Jacob (1973) (Victor Pivert)
8.
Delirios de grandeza (1972) (Don Salluste)
9.
La folie des grandeurs (1971) (Don Salluste)
10.
Jo (1971) (Antoine Brisbard)
11.
Le gendarme en balade (1970) (Brigadier Cruchot)
12.
L'homme orchestre (1970) (Evan-Evans)
13.
Sur un arbre perché (1970) (Henry Roubier)
14.
Hibernatus (1969) (Hubert)
15.
Le gendarme se marie (1968) (Brigadier Cruchot)
16.
Le tatoué (1968) (Félicien Mezeray)
17.
Le grand restaurant (1967) (Mr. Septime)
18.
Oscar (1967) (Bertrand Barnier)
19.
Le petit baigneur (1967) (Louis-Philippe Fourchaume)
20.
Fantômas contre Scotland Yard (1966) (Inspecteur Juve)
21.
Le gendarme à New York (1966) (Brigadier Cruchot)
22.
La grande vadrouille (1966) (Stanislas LeFort)
23.
Les grandes vacances (1966)
24.
Les bons vivants (1965)
25.
Fantômas se déchaîne (1965) (Inspecteur Juve)
26.
Le corniaud (1964) (Leopold Saroyan)
27.
Fantômas (1964) (Inspecteur Juve)
28.
Le Gendarme de St. Tropez (1964) (Brigadier Cruchot)
29.
Une souris chez les hommes (1964) (Marcel)
30.
Carambolages (1963) (Charolais)
31.
Faites sauter la banque! (1963) (Victor Garnier)
32.
Les pissenlits par la racine (1963) (Jockey Jack)
33.
Pouic-Pouic (1963) (Leonard Monestier)
34.
Un clair de lune à Maubeuge (1962)
35.
Le diable et les dix commandements (1962) (Vaillant)
36.
Le gentleman d'Epsom(1962)
37.
Nous irons à Deauville (1962)
38.
Les veinards (1962)
39.
La belle Américaine (1961)
40.
Candide (1961) (L'homme de la Gestapo)
41.
Le crime ne paie pas (1961)
42.
La vendetta (1961)
43.
Le capitaine Fracasse (1960) (Scapin)
44.
La Culpa fue de Eva (1960)
45.
Dans l'eau qui fait des bulles (1960)
46.
Les Tortillards (1960)
47.
Certains l'aiment froide (1959)
48.
Mon pote le gitan (1959)
49.
I Tartassati (1959)
50.
Totò, Eva e il pennello proibito (1959)
51.
Ni vu, ni connu (1958)
52.
Taxi, Roulotte et Corrida (1958) (Maurice Berger)
53.
La vie à deux (1958)
54.
Comme un cheveu sur la soupe (1957) (Pierre Cousin)
55.
Bébés à Gogo (1956)
56.
Courte tête (1956)
57.
La loi des rues (1956)
58.
Papa, Maman, ma femme et moi (1956)
59.
La traversée de Paris (1956) (Jambier)
60.
La bande à papa (1955)
61.
Bonjour Sourire (1955)
62.
Les hussards (1955)
63.
L'impossible Monsieur Pipelet (1955)
64.
Napoleon (1955)
65.
Si Paris nous était conté (1955) (Antoine Allegre)
66.
Ah! Les belles bacchantes (1954)
67.
Le blé en herbe (1954)
68.
Escalier de service (1954)
69.
Frou-Frou (1954)
70.
Huis Clos (1954)
71.
Les impures (1954)
72.
Ingrid - Die Geschichte eines Fotomodells (1954)
73.
Les intrigantes (1954)
74.
Le mouton à cinq pattes (1954)
75.
Papa, maman, la bonne et moi (1954)
76.
Les Pépées font la loi (1954)
77.
Poisson d'avril (1954)
78.
La reine Margot (1954)
79.
Scènes de ménage (1954)
80.
Capitaine Pantoufle (1953)
81.
Le chevalier de la nuit (1953)
82.
Les compagnes de la nuit (1953)
83.
Les corsaires du Bois de Boulogne (1953)
84.
Dortoir des grandes (1953)
85.
Faites-moi confiance (1953)
86.
Les hommes ne pensent qu'à ça (1953)
87.
Mam'zelle Nitouche (1953)
88.
Mon Frangin du Sénégal (1953)
89.
Le rire (1953)
90.
Le secret d'Hélène Marimon (1953)
91.
Tourments (1953)
92.
L'étrange désir de Monsieur Bard (1953)
93.
L'amour n'est pas un péché (1952)
94.
Au diable la vertu (1952)
95.
Elle et moi (1952)
96.
La fugue de Monsieur Perle (1952)
97.
Le huitième art et la manière (1952)
98.
Innocents in Paris (1952) (Monsieur Celestin)
99.
Je l'ai été trois fois (1952)
100.
Légère et court vêtue (1952)
101.
Les Moineaux de Paris (1952)
102.
Monsieur Taxi (1952)
103.
Les sept pêchés capitaux (1952)
104.
La vie d'un honnête homme (1952)
105.
Agence matrimoniale (1951)
106.
un amour de parapluie (1951)
107.
Boniface Somnambule (1951)
108.
Boîte à vendre (1951)
109.
Champions Juniors (1951)
110.
Le dindon (1951)
111.
Five (1951)
112.
Les joueurs (1951)
113.
Ma femme est formidable (1951)
114.
Monsieur Leguignon Lampiste (1951)
115.
Pas de vacances pour Monsieur le Maire (1951)
116.
La poison (1951)
117.
l'amant de paille (1950)
118.
Bibi Fricotin (1950)
119.
Folie Douce (1950)
120.
Knock (1950)
121.
Le roi du Bla Bla Bla (1950)
122.
La rose rouge (1950)
123.
La rue sans loi (1950)
124.
Ademai au poste frontière (1949)
125.
Au revoir M. Grock (1949)
126.
Certain Monsieur, Un (1949)
127.
Je n'aime que toi (1949)
128.
Millionnaire d'un jour (1949)
129.
Mission à Tanger (1949)
130.
Pas de week-end pour notre amour (1949)
131.
Rendez-vous avec la chance (1949)
132.
Vient de paraître (1949)
133.
Du Guesclin (1948)
134.
Antoine et Antoinette (1947)
135.
Croisière pour l'inconnu (1947)
136.
Dernier refuge (1946)
137.
Six heures à perdre (1946)
138.
La tentation de Barbizon (1945)
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