Elle fut surnommée « la Divine ». Federico Fellini a dit d'elle : « Elle fut la
fondatrice d'un ordre religieux appelé cinéma. »
Greta Gustafsson est la
benjamine de Karl Alfred Gustafsson (1871-1920) et d'Anna Lovisa Johansson
(1872-1944). Elle est née au 32 de la Blekingegatan à Stockholm. Sa maison
natale a aujourd'hui disparu.
Ses parents sont des personnes de
conditions modestes dans la Suède pauvre du début du XXe siècle. Elle avait une
sœur, Alva et un frère, Sven.
Le père de Greta Garbo, videur de tinettes,
meurt rongé par la maladie alors qu'elle n'a que quatorze ans, l'obligeant à
quitter l'école et à travailler. Son premier emploi comme « soap girl » chez un
coiffeur-barbier, chez lequel elle savonne les joues des clients, a été suivi
d'une place de vendeuse dans un magasin de mode où elle posa parfois comme
modèle pour des publicités. C'est en tournant dans une petite publicité qu'elle
fit ses armes en tant qu'actrice, épisode suivi par un court métrage
publicitaire en 1920 dans lequel le réalisateur Eric Petscher la remarqua. Il
lui offrit un petit rôle dans le film Peter le vagabond en 1921, un film
légèrement polisson dans lequel elle joua en maillot de bain.
Elle entra
à l'Académie royale d'art dramatique de Stockholm — le Dramaten — en 1922 et y
étudia jusqu'en 1924. C'est là qu'elle rencontra le réalisateur suédois Mauritz
Stiller qui la repéra, lui enseigna les techniques cinématographiques et lui
confia un rôle majeur dans son film La Saga de Gösta Berling, d'après Selma
Lagerlöf en 1924. C'est à cette occasion qu'il changea son nom en Greta Garbo.
Le film fut un échec, mais Greta Garbo fut remarquée par le réalisateur allemand
Georg Wilhelm Pabst avec qui elle tourna en 1925 La Rue sans
joie.
Mauritz Stiller, appelé par Louis B. Mayer aux États-Unis pour
travailler pour la MGM, insista pour que Garbo l'accompagne et qu'on lui donne
un contrat. Elle le suivit à Hollywood, mais sa gloire rapide les sépara.
Stiller fut licencié par la MGM en 1928 et retourna en Suède où il mourut peu de
temps après.
Arrivée à Hollywood, la carrière de Garbo prit un tournant
inattendu, à son arrivée, elle n'avait rien d'une femme fatale — Louis B. Mayer
la surnommait alors « la grosse vache nordique » — mais Arnold Genthe, un
photographe de Vanity Fair, décèle son important potentiel. Elle suit un régime
amaigrissant et elle est "relookée", cheveux coupés, lissés, front dégagé, yeux
alourdis, sourcils réduits, regard mis en valeur.
Ses premières
apparitions dans des films muets, tels Le Torrent (The Torrent) en 1926, La
Tentatrice (The Temptress) en 1926, La Chair et le diable (Flesh and the Devil)
en 1927 ou Anna Karénine (Love) en 1928, la propulsèrent en haut de l'affiche.
Le renouvellement de son contrat est l'occasion d'un long bras de fer avec Louis
B. Mayer et aboutit à ce qu'elle devienne l'actrice la mieux payée
d'Amérique.
C'est dans ces premières années qu'elle rencontra John
Gilbert, star du cinéma muet, avec qui elle poursuivit une relation qui défraya
la chronique. La légende veut qu'elle l'ait quitté devant l'autel, ayant changé
d'avis quant à leur mariage, mais la MGM utilise abondamment les scènes d'amour
qu'elle interprète avec John Gilbert pour alimenter les gazettes
people.
Sa carrière, contrairement à celle de beaucoup d'autres, ne
s'arrêta pas avec la fin du cinéma muet. Greta Garbo fut l'une des rares stars
hollywoodiennes à franchir le cap du cinéma parlant. C'est dans Anna Christie en
1930 que le public entend pour la première fois sa voix grave et sensuelle,
teintée d'un léger accent suédois. Le film fut d'ailleurs promu avec le slogan «
Garbo parle » (« Garbo Talks ») et fut un véritable succès, bien que Garbo ne
fût pas convaincue de sa propre performance. John Gilbert, quant à lui, dont la
popularité baissait, ne réussit jamais la transition vers le cinéma parlant et
sa carrière s'arrêta dans les années 1930.
À partir de cette époque, on
lui compose, un nouveau personnage solitaire, énigmatique. Elle devient grave,
tantôt mutine, tantôt craintive, parfois intellectuelle. Elle n'assiste qu'aux
premières, n'accorde plus que de rares interviews, voyage sous un nom d'emprunt.
Elle arrête aussi les nombreuses séances de photos d'extérieur et ne fait plus
que des portraits d'art, réalisés en studio par deux portraitistes attitrés —
Ruth Harriet Louise jusqu'en 1929, puis Clarence Sinclair Bull — et destiné à
être reproduit qu'en petit format pour être envoyé aux admirateurs. Même pour la
promotion des films, elle n'accorde plus qu'une unique séance de pose de dix
heures maximum avec 150 photos par séance réalisées.
Garbo, si quelque
chose lui déplaisait lorsqu'elle tournait, disait qu'elle voulait rentrer en
Suède (« I want to go home »), menace qui lui valut de voir chacun de ses vœux
exaucé par ses employeurs. Garbo était connue pour ne tourner qu'à studio fermé,
refusant les visiteurs lorsqu'elle jouait. Son apparition dans Mata Hari en 1932
la consacra séductrice, la censure s'offusqua même du costume suggestif qu'elle
portait sur l'affiche. Elle partagea ensuite l'affiche de Grand Hôtel en 1932 en
vedette avec Joan Crawford et les frères Barrymore (Lionel et John).
Elle
se fâcha avec la MGM en 1932 et disparut des écrans pendant presque deux ans. La
réconciliation lui donna un contrôle total sur les films qu'elle tournait, et
lui permit de faire remplacer Laurence Olivier par John Gilbert pour le tournage
de La Reine Christine en 1934. David O. Selznick la pressentit pour jouer le
rôle de l'héritière mourante dans Dark Victory en 1935, mais elle préféra
tourner une nouvelle version d'Anna Karénine.
Son interprétation de « la
dame aux camélias » dans Le Roman de Marguerite Gautier (Camille) en 1937 fut
considérée comme la meilleure de tous les temps, et fut aussi la seule de ses
performances qui trouva grâce à ses yeux. Après maintes tragédies, elle se
retrouva face à Melvyn Douglas dans la comédie Ninotchka en 1939. En référence à
une scène dans un bistrot parisien où l'héroïne part d'un éclat de rire, le film
fut lancé avec le slogan « Garbo rit ! » (« Garbo laughs! »), une première dans
sa carrière.
Greta Garbo fut l'une des stars les plus adulées des années
1920 et 1930, mais aussi l'une des plus secrètes. Fuyant la publicité et les
ragots, elle rendit célèbre l'une de ses tirades de Grand Hôtel même dans sa vie
publique : « Je veux être seule » (« I want to be alone »). Elle n'accordait ni
autographe, ni interview (sauf au tout début de sa carrière), n'assistait à
aucune première et ne répondait pas à ses fans. Cette prédilection pour le
secret ne fit que confirmer le surnom qu'elle garda toute sa vie : « La Divine »
; belle, lointaine et inaccessible.
Après l'échec relatif de son dernier
film, La Femme aux deux visages (Two Faced Woman) en 1941, Garbo mit
définitivement un terme à sa carrière, au faîte de sa gloire.
Garbo a
gardé sa vie privée hors des feux de la rampe. Selon les lettres privées dont la
publication a été autorisée en Suède en 2005 pour marquer le centenaire de sa
naissance, elle était enfermée sur elle-même et assez dépressive. Cependant les
studios d'Hollywood ont imposé une image "propre" et, au besoin inventé des
épisodes présentables.
Ces lettres privées prouvent également que Greta
Garbo est restée célibataire aux États-Unis en raison d'un amour homosexuel pour
l'actrice suédoise Mimi Pollak. Les lettres personnelles de Garbo indiquent
qu'elle est restée amoureuse de Pollak le reste de sa vie. Quand Pollak a
annoncé qu'elle était enceinte, Garbo a écrit : "Nous ne pouvons pas aider notre
nature, qui est comme Dieu l'a créée. Mais j'ai toujours pensé que nous serons
toujours liées, vous et moi"
Son rapport hétérosexuel plus célèbre fut
avec l'acteur John Gilbert. Ils ont tenu le premier rôle ensemble pour la
première fois dans Flesh and the Devil, cependant quand un mariage a été
finalement prévu en 1927, elle ne s'est pas rendue à la cérémonie
Son
biographe Barry Paris note "qu'elle était techniquement bisexuelle,
principalement lesbienne et, de plus en plus asexuelle au fil des
années".
Elle a également été liée de façon plus ou moins platonique avec
les actrices Marlene Dietrich, Claudette Colbert, Joan Crawford, Louise Brooks,
Ona Munson, avec l'auteur Salka Viertel, elle a eu une longue relation instable
avec l'écrivain Mercedes de Acosta de 1931 à 1944, qui a mal fini.
De son
propre aveu, Greta Garbo pensait que le monde avait été bouleversé par la
Seconde Guerre mondiale, peut-être pour toujours. Ses films, pensait-elle,
avaient leur propre place dans l'histoire et gagneraient en valeur. Elle endossa
la citoyenneté américaine en 1951. Elle acheta un appartement à New York dans
les années 1950, où elle vécut jusqu'à la fin de ses jours, loin de la presse et
des paillettes. Séparée du monde hollywoodien, elle refusa catégoriquement de
paraître en public.
Elle resta cependant amie avec de nombreuses
célébrités, et on la vit souvent en compagnie d'Aristote Onassis, Cecil Beaton
ou Cécile de Rotschild. Elle défendait cependant jalousement sa vie privée. Elle
était connue pour ses promenades dans les rues de New York affublée de grandes
lunettes noires, évitant autant que possible les médias.
Elle mourut à
New York en 1990 à l'âge de 84 ans, des suites d'une insuffisance rénale
terminale et d'une pneumonie. Sa dépouille fut incinérée et les cendres
enterrées au cimetière Skogskyrkogarden à Stockholm
Greta Garbo n'a
jamais gagné d'Oscar mais fut nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice pour
Anna Christie et Romance en 1930, Le Roman de Marguerite Gautier en 1937 et
Ninotchka en 1939. Elle reçut en 1955 un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa
carrière.
Une étoile commémorative à son nom (et à sa renommée) a été
posée sur le Hollywood Walk of Fame à Los Angeles (USA) face au 6901 Hollywood
Boulevard.
FILMS
- 1920 : Herr och fru Stockholm
(littéralement: Monsieur et Madame Stockholm) de Ragnar Ring; (Greta Garbo
dans un court film publicitaire).
- 1921 : Konsum Stockholm Promo
(Promotions des magasins Konsum Stockholm) de Ragnar Ring; (Greta Garbo dans
un court film publicitaire).
- 1921 : En Lyckoriddare (le chevalier du bonheur) de John W.
Brunius
Greta Garbo interprète une servante.
- 1922 : Kärlekens ögon (Les yeux
de l'amour) de John W. Brunius; (rôle de figuration).
- 1922 : Luffarpetter (Pierre le vagabond) de Erik A.
Petschler
Greta Garbo interprète le rôle de Greta.
- 1924 : La Légende de Gösta
Berling (Gösta Berlings Saga) de Mauritz Stiller
Une jeune comtesse
italienne, Elizabeth Dohna.
- 1925 : La Rue sans joie (Die freudlose Gasse) de
G.W.Pabst
Greta Rumfort, la fille d'un
fonctionnaire (Greta Garbo n'est pas mentionnée au générique).
- 1926 : Le Torrent (Torrent) de Monta Bell
Leonora Moreno,
jeune fermière, qui devient La Brunna, célèbre cantatrice.
- 1926 : La
Tentatrice (The Temptress) de Fred Niblo
Elena, une femme fatale du grand
monde.
- 1926 : La Chair et le Diable
(Flesh and the Devil) de Clarence Brown
Felicitas, une jeune veuve qui
va épouser le meilleur ami de l'homme qu'elle aime, lequel a tué en duel son
mari.
- 1927 : Anna Karénine (Love) d'Edmund Goulding
Anna
Karenina, une jeune femme de l'aristocratie de Saint-Petersbourg, mariée, qui
tombe amoureuse du comte Vronski.
- 1928 : La Femme divine (The Divine Woman) de Victor
Sjöström (dont il ne reste plus qu'une seule bobine)
Marianne, une jeune
anglaise qui veut devenir actrice à Paris.
- 1928 : La Belle Ténébreuse (The
Mysterious Lady) de Fred
Niblo
Tania Fedorova, une espionne russe.
- 1928 : Intrigues (A Woman
of Affairs) de Clarence Brown
Diana Merrick Furness, une
femme de l'aristocratie anglaise qui épouse par dépit un homme qu'elle n'aime
pas qui va se suicider.
- 1929 : Terre de volupté (Wild Orchids) de Sidney Franklin
Lillie
Sterling, une jeune et belle femme mariée à une homme bien plus agé qu'elle qui
va être poursuivie par un séducteur sans scrupules.
- 1929 : Le Droit d'aimer (The Single
Standard) de John Robertson
Arden Stuart Hewlett, une
femme de la bonne et conventionnelle société qui désire autre chose de la vie.
- 1929 : Le Baiser (The Kiss) de Jacques Feyder
Irene
Guarry, une femme mariée amoureuse d'une autre homme.
- 1930 : Anna
Christie de Clarence Brown
Anna Christie, la fille d'un
marin, désabusée par la vie, qui tombe amoureuse d'un marin....son premier rôle
ou on entend enfin sa célèbre voix.
- 1930 : Romance de Clarence Brown
Rita Cavallini, une chanteuse
d'opéra dont est tombé amoureux un futur évèque.
- 1931 : L'Inspiratrice (Inspiration) de Clarence Brown
Yvonne
Valbret, un mannequin parisien.
- 1931 : La Courtisane (Susanne Lenox
(Her Rise and Fall)) de Robert Z. Leonard
Susan Lenox, une
orpheline qu'on veut forcer à épouser un homme qu'elle n'aime pas.
- 1931 : Mata Hari de George
Fitzmaurice
Mata Hari, une espionne allemande pendant la première guerre
mondiale qui use de ses charmes pour obtenir des renseignements.
- 1932 : Grand Hotel d'Edmund
Goulding
Grusinskaya, une danseuse qui va se laisser séduire par un
voleur.
- 1932 : Comme tu me veux (As
You Desire Me) de George Fitzmaurice
Zara, une entraîneuse
dans un cabaret, alcoolique.
- 1933 : La Reine Christine (Queen Christina) de
Rouben
Mamoulian
La reine Christine de Suède ainsi que son alter ego le comte
Dulan, qui tombe amoureuse d'un autre homme que celui prévu par la couronne.
- 1934 : Le Voile des illusions (The
Painted Veil) de Richard Boleslawski
Katrin Koerber Fane,
qui épouse par solitude un associé de son père, délaissée lors de leur séjour en
Chine et qui prend un amant
- 1935 : Anna Karénine (Anna
Karenina) de Clarence
Brown
Anna Karenina, une jeune femme de l'aristocratie de
Saint-Petersbourg, mariée, qui tombe amoureuse du comte Vronski.
- 1936 : Le Roman de Marguerite Gautier
(Camille) de George
Cukor
Marguerite Gautier, une courtisane parisienne qui renonce à épouser
l'homme qu'elle aime, Armand Duval.
- 1937 : Marie
Walewska (The Conquest) de Clarence Brown
Une comtesse polonaise, Marie
Walewska, qui tombe amoureuse de Napoléon
- 1939 : Ninotchka de Ernst Lubitsch
Nina Ivanovna Yakushova
(Ninotchka), une haute fonctionnaire russe envoyée en mission à Paris.
- 1941 : La
Femme aux deux visages (Two Faced Woman) de George Cukor
Karin Borg Blake, une monitrice de
ski mariée séduite par un New-Yorkais
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