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Frank Sinatra devrait avoir : 109 ans
Hoboken - New Jersey 12 décembre 1915. En cette froide journée de Décembre, une
femme accouche dans des conditions difficiles au 415 de la Monroe Street. La
tête et le coup déchirés par les forceps, le tympan perforé et l'oreille
lacérée, l'enfant est laissé pour mort tandis que le médecin concentre ses soins
sur la mère.
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Mais la grand-mère saisit le bébé par les pieds, court sur le
palier et le place sous le jet glacé du robinet d'eau courante. Un cri immense
s'élevé... l'enfant est sauf....Francis Albert Sinatra vient de pousser sa
première note entre deux étages d'une maison lépreuse de la banlieue de New
York. Telle est l'authentique histoire qui veut que par sa présence d'esprit la
Signora Rose Garavente ait ce jour là donné au monde la possibilité de jouir du
talent du plus grand « entertainer » que le siècle ait connu. |
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Quand il débute en amateur en 1935, le jeune fils d'immigrés italiens n'a qu'une
ambition: égaler l'idole du moment, celui qui fait vibrer l'Amérique de sa voix
d'or, le grand Bing Crosby lui-même. Mais il lui faudra encore attendre quatre
longues années parsemées d'emplois précaires et de minables radio-crochets avant
de tenter de rivaliser avec le célèbre crooner et pouvoir profiter de la chance
que lui offre soudain Harry James, trompettiste virtuose. Celui-ci vient de
quitter Benny Goodman - le Roi du Swing- pour fonder sa propre formation. Nous
sommes alors au printemps 1939 et voici le jeune Frank - marié depuis quelques
mois à peine - lancé sur les routes américaines, partageant la vie chaotique des
musiciens de Big Band et apprenant les ficelles de son métier, soir après soir,
pour un premier salaire de 75 dollars par semaine.
Six mois plus tard il
franchissait une nouvelle étape et devenait le chanteur vedette de l'orchestre
de Tommy Dorsey, l'une des meilleures formations blanches de l'époque. Peu à peu
la légende se mettait en place ... un nouveau phénomène vocal était né,
utilisant le microphone comme aucun de ses prédécesseurs n'avait su le faire
auparavant, tirant les phrases musicales sur des longueurs inusitées, jouant de
la sensibilité, de la sensualité et du phrasé.
Un mois avant l'attaque
japonaise contre Pearl Harbor, les magazines Downbeat et Metronome pouvaient
enfin titrer: "Meilleur Chanteur de l'année 1954 : Frank Sinatra". Celui que la
presse ne désignait plus alors que par « The Voice » ou « Frankie », avait
désormais remplacé Bing Crosby dans le coeur de l'Amérique
adolescente.
L'année suivante, tandis qu'il avait pris - non sans mal -
la décision de voler de ses propres ailes, l'ampleur du phénomène Sinatra ne fit
que s'accroître, se traduisant par des scènes d'hystérie collective sans
précèdent. De cette époque datent les images de légende de « Bobby-Soxers »
occupant sans désemparer les travées du Paramount Theatre de New York. En
Octobre 1944, pour son troisième passage en ce lieu, plus d'un millier de
personnes avaient envahi les guichets avant 6 heures du matin. A neuf heures,
sur dix rangées de front, 10.000 adolescents faisaient la queue entre les 43éme
et 44éme rues sur la 8éme Avenue tandis que près du double avait recouvert les
alentours de Time Square paralysant la circulation. Entre temps, Hollywood avait
ouvert ses portes à celui qui allait devenir le symbole de l'Amérique
triomphante. Sponsorisées par les plus grandes marques de cigarettes, les
émissions de radio se succédaient de semaines en semaines captivant des millions
d'auditeurs autour du Hit Parade du moment; Woody Allen retracera plus tard
cette époque dans son film « Radio Days ».
Mais bien des contes de fées
ont parfois leurs revers et Frank Sinatra dût en subir plus d'un au cours de sa
longue carrière. A la fin des années 1940, le public commença à se lasser de ces
chansonnettes quelque peu sirupeuses alors que les premiers accents du Rock'n'
Roll n'allaient pas tarder à déferler. Empêtré dans ses déboires sentimentaux
avec Ava Gardner, en conflit permanent avec la presse et les ligues puritaines,
« The Voice » était désormais une valeur en baisse au box office; son nom à lui
seul ne suffisait plus à attirer assez de monde pour qu'on puisse l'afficher
dans une salle aux dimensions de celles du Paramount. . .En 1949 il n'était plus
pointé qu'avant dernier des 50 meilleurs artistes des USA.
Pour comble,
le 26 Avril 1950, au Copacabana de New York, il dût de façon pitoyable quitter
la scène, totalement aphone, les cordes vocales brisées par une hémorragie. Une
à une, les chaînes de radio et de télévision résiliaient leurs contrats, la
Metro Goldwyn Mayer mettait fin à son engagement, les studios de disques
Columbia l'abandonnaient. Le calvaire allait ainsi durer quelques années encore.
Devenu l'ombre de lui-même, laché par ses amis, l'ancien gamin bagarreur des
rues d'Hoboken n'abandonnait pas pour autant le combat et luttait de toutes ses
forces face au monde impitoyable du show-business...
A la fin de 1952,
Frank Sinatra se battit avec un acharnement incroyable afin d'obtenir un rôle de
second plan - celui du soldat Maggio - dans le film « Tant qu'il y aura des
hommes »que s'apprêtait à tourner Fred Zinneman avec Montgomery Clift, Burt
Lancaster et Deborah Kerr. Ce rôle, il en était persuadé, était pour lui. . . il
le sentait . . inutile de composer, Maggio le raté, le gavroche italien, c'était
lui !
Abandonnant en catastrophe Ava Gardner au Kenya sur le tournage de
Mogambo, il parvint à convaincre les dirigeants de la Columbia de lui laisser
tourner un test. Le résultat fût tel qu'il emporta la décision (au détriment
d'Elie Wallach), acceptant de tourner pour une poignée de dollars. Un an plus
tard, face au tout-Hollywood, Frank Sinatra remportait le deuxième Oscar de sa
carrière après celui obtenu en 1948 pour un court métrage civique sur la
tolérance et contre le racisme.
Renouant dès lors avec le succès, il
enregistra des albums prestigieux pour le jeune label Capitol (lequel comptait
également dans son écurie quelques grands noms: Judy Garland, Peggy Lee, Nat
King Cole, Dean Martin, Bobby Darin, Louis Prima/Keely Smith, Kay Starr. . . )
avant de créer sa propre maison de disques: Reprise. Il retrouva le chemin des
studios pour les films devenus aujourd'hui de grands classiques: «L'Homme au
bras d'or » d'Otto Preminger, « Comme un torrent » de Vincente Minnelli avec
Shirley Mac Laine et son compère Dean Martin, « La Blonde ou la Rousse » aux
côtés de Rita Hayworth et Kim Novak, « La Haute Societé » avec Bing Crosby,
Louis Armstrong et Grace Kelly....
Le reste appartient désormais à
l'Histoire et Frank Sinatra continua de forger sa légende, chantant
régulièrement sur les scènes du monde entier, remplissant le Maracana de Rio en
1984 ou multipliant ses prestations dans les casinos de Las Vegas, Atlantic
City, Reno, jusqu'à ses deux derniers albums «Duets » enregistrés en 1993.
Personnage contreversé, aimé ou haï, aussi fantasque et vindicatif qu'on le
disait charitable et sensible aux détresses humaines, il n'a jamais voulu
tricher ni décevoir son public. Ne retenons aujourd'hui que l'étendue et la
pérennité de son oeuvre: 53 films, plus d'un millier d'enregistrements sonores,
plusieurs centaines de millions de disques vendus.
FILMS
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RECOMPENSES
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- 1946 - Prix
pomme acide de l'acteur le moins coopératif, Golden Apple Awards, États-Unis
- 1951 - Prix pomme acide de
l'acteur le moins coopératif, Golden Apple Awards, États-Unis
- 1953 - Pour : Tant qu'il y aura des hommes - Golden Globe
du meilleur second rôle masculin, États-Unis.
- 1957 -
Pour : La blonde ou la rousse - Laurel d'Or de la meilleure
interprétation musicale masculine, États-Unis.
- 1958 - Pour : Comme un
torrent - Laurel d'Or de la meilleure interprétation dramatique masculine,
États-Unis.
- 1960 - Pour : Can-can - Laurel d'Or de la meilleure
interprétation musicale masculine, États-Unis
- 1971 - Prix Humanitaire Jean Hersholt, Academy Awards,
États-Unis
- 1971 - Prix Cecil B. DeMille, Golden Globes,
États-Unis
- 1973 - Prix pour l'ensemble de sa carrière par la Guilde des
acteurs de cinéma, États-Unis
- 1974 - Prix pomme acide par les Golden Apple Awards,
États-Unis
- 1977 - Prix Pomme d'Or de la star masculine de l'année, Golden Apple Awards,
États-Unis
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INFOS
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- Nom de naissance : Francis Albert Sinatra
- Date et lieu de naissance : 12-12-1915, à Hoboken, New Jersey, États-Unis
- Date et lieu du décès : 14-05-1998, à Los Angeles, Californie, États-Unis
- Cause du décès : Crise cardiaque
plus un cancer de la vessie à l'âge de 82 ans
- Franck
Sinatra est enterré à près de
Palm Springs, à côté de ses parents
dans le désert Mémorial Park à Cathedral
City, un quartier tranquille, modeste
cimetière près de son célèbre complexe
de Rancho Mirage en Californie,
qui est situé sur la belle route
bordée d'arbres qui porte son nom
-
- Il fut le mari d'Ava Gardner de 1951 à 1957 (pour laquelle il chanta I
Am A Fool To Want You). Il se maria ensuite avec Mia Farrow de
1966 à 1968, puis avec Barbara Marx de 1976 à sa mort. Avec sa première
épouse de 1939 à 1951, Nancy Barbato, il eut trois enfants, dont Nancy
Sinatra qui devint chanteuse à son tour et qui enregistra plusieurs duos
avec son père dont le succès international Something Stupid. Son fils,
Frank Sinatra Jr, poursuit également depuis le début des années 1960 une
carrière de chanteur mais également de chef d'orchestre, notamment pour diriger
sur scène l'orchestre de son père à partir du 29 avril 1988 et jusqu'à son
ultime concert.
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ANECDOTES
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- Fils d'immigrés italiens, produit errant des rues de Hoboken, le jeune Frank
Sinatra n'a qu'un but en tête : égaler la voix d'or de l'Amérique des années
1930, Bing Crosby. Après quelques années de précarité passées entre petits
boulots et contrats misérables, le jeune époux de Nancy Barbato gravit peu à peu
les marches de la gloire : il rencontre en 1939 le trompettiste virtuose Harry
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