JEUNESSE
ET DEBUT DE CARRIERE
André
Raimbourg, alias Bourvil (ou durant la « Débâcle »,
à Arzacq en juin 1940, et en 1941-début, Andrel en
référence à Fernandel qu'il admirait), n'a jamais connu
son père, tué durant la Grande Guerre. Il passa son
enfance avec sa mère et le nouveau mari de celle-ci,
un agriculteur nommé Ménard, dans le village de Bourville.
Son cousin germain, Lucien Raimbourg, étant déjà dans
le métier, il prit un nom de scène afin d'éviter toute
confusion et choisit "Bourvil" en référence
au village de son enfance.
Il
épousa Jeanne Lefrique (1918-1985) le 23 janvier 1943
avec qui il eut deux fils :
Dominique
Raimbourg (né le 28 avril 1950), avocat pénaliste, conseiller
municipal de Saint-Sébastien-sur-Loire et député de
Loire-Atlantique.
Philippe
Raimbourg (né le 18 mars 1953), professeur de finance
à l'université Paris Panthéon-Sorbonne et à l'ESCP
Europe.
Après
un apprentissage de boulanger, il partit en région parisienne
pour tenter une carrière musicale, qu'il commença par
des radio-crochets. Jeune artiste en quête de succès,
il s’installe avec son épouse, à Vincennes dans un minuscule
appartement de la rue des Laitières, au septième étage,
sous les toits (il y restera jusqu’en 1947).
Il
enchaîna ensuite avec des numéros de « comique-paysan
» (dérivé du comique troupier), mais c'est avec la chanson
Les Crayons que sa carrière débuta vraiment en 1945.
C'est d'ailleurs avec cette chanson qu'il fit sa première
apparition au cinéma, en 1945 dans La Ferme du pendu,
de Jean Dréville
UN
ACTEUR DE LA GENTILLESSE
Le
jeu comique de Bourvil a reposé principalement sur des
rôles de gentils, parfois un peu bêtes ou naïfs, comme
les rôles qu’il a tenus face à l’énergique Louis de
Funès : le personnage incarné par Bourvil parvient toujours,
par sa gentillesse, non seulement à faire rire, mais
aussi à échapper aux manipulations des personnages machiavéliques
interprétés par de Funès.
Bourvil
a cependant tenu des rôles plus dramatiques, comme l’homme
à tout faire dans L'Arbre de Noël, dans lequel il aide
un petit garçon atteint d'une leucémie à assouvir sa
passion pour les loups. Dans ce film comme dans les
films comiques, le spectateur peut facilement s’identifier
au personnage joué par Bourvil, car c’est un homme simple.
Dans Le miroir à deux faces, son jeu est méconnaissable
: face à Michèle Morgan, il incarne un homme qui manipule
une femme laide pour pouvoir l'épouser, puis lorsque
celle-ci devient belle grâce à une opération, il devient
ignoble avec elle, jusqu'à la harceler et lui retirer
ses enfants. On peut enfin citer son rôle de Thénardier
dans l’adaptation cinématographique des Misérables,
ou encore son avant-dernier rôle, celui d’un commissaire
de police dans Le Cercle rouge.
Bourvil
était un homme très cultivé. Son ami Georges Brassens,
qui habitait non loin de Montainville dans un village
appelé le Val des Quatre Pignons, confiait qu’il était
le parfait honnête homme, façon XVIIe siècle et lui
suggérait des lectures. Il partageait avec Brassens
une connaissance encyclopédique sur la chanson française.
Il
connaissait aussi Jean-Paul Sartre et on pensa à lui
pour la Comédie-Française.
Il
reste aujourd'hui une référence pour de nombreux artistes.
François Morel et Antoine de Caunes ont notamment réalisé
un portrait de lui, en mars 2005, dans le cadre de l’émission
télévisée sur le plus célèbre des Français à travers
les siècles, classement dans lequel il arrivait en 7e
position, gage d’une très grande popularité, 35 ans
après sa disparition. Il parlait le français, l'anglais
et un peu l'espagnol dans les films qu'il tournait.
Il
est parfois désigné par le nom d'« André Bourvil » (il
existe d’ailleurs un « Théâtre André Bourvil » à Paris,
XIe arrondissement). C'est sous ce nom qu'il apparaît
au générique et à l'affiche de l'avant-dernier film
qu'il a tourné, Le Cercle rouge. Il remercia Jean-Pierre
Melville, le réalisateur, pour avoir mentionné ainsi
son prénom.
DECES
ET DERNIERS FILMS
Puis
en 1967, lors du tournage des Cracks, le couperet tombe.
Au faîte de sa gloire, Bourvil apprend qu'il est atteint
de la maladie de Kahler, aussi connue sous de le nom
de myélome multiple. Ses jours sont comptés. Il vivra
en fait trois ans de plus, jusqu'à ce jour du 23 septembre
1970 où il s'éteint, à l'âge de 53 ans. Il venait de
terminer le tournage du Cercle rouge avec Alain Delon
et Yves Montand. Il repose à Montainville (Yvelines),
village où il avait sa maison de campagne.
Son
dernier film, tourné juste après Le Cercle rouge, fut
Le Mur de l'Atlantique. Ces deux films sortirent quelques
semaines après sa mort.
À
ses obsèques étaient présents : Alain Delon, Yves Montand,
Jean Poiret, Francis Blanche, François Périer, Terry-Thomas,
Jean-Paul Belmondo, Gérard Oury, David Niven, Salvatore
Adamo, Patrick Préjean, Robert Hirsch, Louis de Funès,
Yves Robert, Danièle Delorme, Jean-Pierre Melville,
André Hunebelle, Marcel Camus, Jean-Pierre Mocky, Jean
Marais, Michèle Morgan, Laurent Terzieff, Lino Ventura,
Fernandel, Gilles Grangier, Jean Gabin, Serge Reggiani,
Pierrette Bruno, Jean-Claude Brialy, Bernard Blier ou
encore Claude Autant-Lara pour ne citer que ceux-là…
Jeanne
Lefrique, son épouse, née en 1918, mourut le 26 janvier
1985 dans un accident de voiture, alors qu’elle se rendait
de Paris à Montainville sur la tombe de son époux.
RÔLES
ET OEUVRES
Bourvil
a reçu le prix du meilleur acteur du festival de Venise
(la Coupe Volpi) pour son rôle dans le film La Traversée
de Paris (d’après l’œuvre de Marcel Aymé). Comédien
complet, il a choisi à maintes reprises des rôles traitant
de sujets de société, notamment en coproduisant les
films avec Jean-Pierre Mocky (La Cité de l'indicible
Peur ou La Grande Frousse, La Grande Lessive (!)…).
Il a également assuré le doublage de ses films en anglais
FILMS
1941
: Croisières sidérales d'André Zwobada : figuration
sous le nom d'Alain Grimor, un scientifique au début
du film
1945
: La Ferme du pendu de Jean Dréville : le bourrelier,
un villageois et chanteur à la noce
1946
: Pas si bête d'André Berthomieu, Léon Ménard (*), le
paysan
1947
: Blanc comme neige d'André Berthomieu : Léon Ménard
(*), le jeune paysan veilleur de nuit
1947
: Le Studio en folie, court métrage de Walter Kapps
: Bourvil y tient son propre rôle
1947
: Par la fenêtre de Gilles Grangier : Gaston, dit «
Pilou », peintre en bâtiment
1948
: Le Bal du comité de défense, court métrage muet, réalisation
anonyme : Bourvil y tient son propre rôle
1949
: Le Cœur sur la main d'André Berthomieu : Léon Ménard
(*), le bedeau musicien
1949
: Le Roi Pandore d'André Berthomieu : Léon Ménard (*),
le gendarme
1949
: Miquette et sa mère d'Henri-Georges Clouzot : Urbain
de la Tour-Mirande
(*
: nom du second mari de sa mère, qui l'a élevé)
1950
: Le Rosier de madame Husson de Jean Boyer : Isidore,
le benêt au prix de vertu
1951
: Seul dans Paris d'Hervé Bromberger : Henri Milliard,
le jeune marié
1951
: Le Passe-muraille (Mister Peek a Boo) de Jean Boyer
: Léon Dutilleul, modeste fonctionnaire (**) (« Mister
Peek a Boo » dans la version anglaise)
1952
: Cent francs par seconde de Jean Boyer : Bourvil est
un invité d'honneur
1952
: Le Trou normand de Jean Boyer : Hippolyte Lemoine,
le dadais (**)
1952
: Grrr, court métrage d'André Rigal : Bourvil y fait
une participation
1953
: Les Trois Mousquetaires d'André Hunebelle : Planchet,
valet de d’Artagnan
1953
: Étoiles au soleil, court métrage de Jacques Guillon
: Bourvil y fait une participation
1954
: Cadet Rousselle d'André Hunebelle: Jérôme Baguindet
1954
: Le Fil à la patte de Guy Lefranc : Camille Bouzin,
clerc de notaire compositeur
1954
: Poisson d’avril de Gilles Grangier: Émile Dupuy, mécanicien
auto
1954
: Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry : un
guide du musée de Versailles
1955
: Les Hussards d'Alex Joffé: Flicot, un soldat de l'armée
napoléonienne
1956
: La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara : Marcel
Martin, chauffeur de taxi au chômage (**)
1956
: Le Chanteur de Mexico de Richard Pottier : Bilou,
l'ami de Vincent
1958
: Les Misérables, film tourné en deux époques de Jean-Paul
Le Chanois : Thénardier, l'aubergiste de Montfermeil
1958
: Le Miroir à deux faces d'André Cayatte : Pierre Tardivet,
professeur de calcul
1958
: Sérénade au Texas de Richard Pottier :Me Jérôme Quillebœuf,
notaire
1958
: Un drôle de dimanche de Marc Allégret : Jean Brevent,
publicitaire à « Publiparis »
1959
: La Jument verte de Claude Autant-Lara : Honoré Haudouin,
paysan
1959
: Le Bossu d'André Hunebelle : Passepoil, le compagnon
de Lagardère
1959
: Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond: Charles
Michaud, entrepreneur intermédiaire
1960
: Fortunat d'Alex Joffé : Noël Fortunat, le braconnier
passeur
1960
: Le Capitan d'André Hunebelle : Cogolin, le roi des
baladins
1961
: Le Tracassin ou Les Plaisirs de la ville d'Alex Joffé
: André Loriot, laborantin
1961
: Dans la gueule du loup de Jean-Charles Dudrumet :
Bourvil fait une apparition dans ce film
1961
: Tout l'or du monde de René Clair : Mathieu Dumont
et ses fils, Toine et Martial
1962
: Les Bonnes causes de Christian-Jaque : le juge Albert
Gaudet
1962
: Un clair de lune à Maubeuge de Jean Chérasse : Bourvil
chante la chanson à la télévision
1962
: Les Culottes rouges d'Alex Joffé : Fendard, le prisonnier
poltron
1962
: Tartarin de Tarascon de Francis Blanche : apparition
en curé dans ce film
1962
: Le Jour le plus long (The Longest Day) de Ken Annakin
: le maire de Colleville
1963
: La Cuisine au beurre de Gilles Grangier : André Colombet,
le cuisinier normand (**)
1963
: Le Magot de Josefa de Claude Autant-Lara : Pierre
Corneille, petit escroc
1963
: Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky : Georges
Lachaunaye, noble déchu
1964
: Reflets du temps passé, court métrage de Marcel Leray
: Bourvil y tient son propre rôle
1964
: Le Majordome de Jean Delannoy : apparition en vrai
fiancé d'Agnès à la fin du film
1964
: La Cité de l'indicible Peur ou La Grande Frousse de
Jean-Pierre Mocky : l’inspecteur Simon Triquet
1964
: Le Corniaud de Gérard Oury : Antoine Maréchal, modeste
commerçant en vacances
1965
: Guerre secrète (The Dirty Game) de Christian-Jaque
: sketch de Bourvil, Michel Lalande, agent secret
1965
: La Grosse Caisse d'Alex Joffé : Louis Bourdin, employé
R.A.T.P et écrivain
1965
: Les Grandes Gueules de Robert Enrico : Hector Valentin,
bûcheron
1966
: La Grande Vadrouille de Gérard Oury : Augustin Bouvet,
peintre en bâtiment
1966
: Trois enfants dans le désordre de Léo Joannon: Eugène
Laporte, entrepreneur de travaux publics
1967
: Les Arnaud de Léo Joannon : le juge Henri Arnaud
1967
: Les Cracks d'Alex Joffé : Jules Auguste Duroc, inventeur
1968
: Gonflés à bloc ou Le Rallye de Monte-Carlo (Monte
Carlo or Bust) de Ken Annakin : Monsieur Dupont
1968
: La Grande Lessive (!) de Jean-Pierre Mocky : Armand
Saint-Just, professeur de lycée
1969
: Le Cerveau de Gérard Oury : Anatole, le copain d'Arthur
1969
: L'Arbre de Noël (The Christmas Tree) de Terence Young
: Verdun
1969
: L'Étalon de Jean-Pierre Mocky : William Chaminade,
vétérinaire
1970
: Clodo de Georges Clair : Gaston, le père vivant sur
le tableau
1970
: Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville : le commissaire
Matteï
1970
: Le Mur de l'Atlantique de Marcel Camus : Léon Duchemin,
restaurateur normand
(**:
ayant une version colorisée)
DUOS
CELEBRES
Louis
de Funès : Le Corniaud / La Grande Vadrouille (génériques
communs également pour Poisson d'Avril, Les Hussards
et La Traversée de Paris)
Jean
Gabin : La Traversée de Paris / Les Misérables
Lino
Ventura : Le Chemin des écoliers / Les Grandes Gueules
Jean
Marais : Le Capitan / Le Bossu
Fernandel
: La Cuisine au beurre
Jean-Paul
Belmondo : Un drôle de dimanche / Le Cerveau
Alain
Delon : Le Chemin des écoliers / Le Cercle rouge
Bernard
Blier : Les Hussards / Les Misérables
Michèle
Morgan : Le Miroir à deux faces / Fortunat
Danielle
Darrieux : Un drôle de dimanche
Pierrette
Bruno : Le Capitan / Le Tracassin / Pacifico / La Bonne
planque / … et de nombreuses chansons en duo
Marie
Dubois : Les Grande Gueules / La Grande Vadrouille /
Gonflés à bloc
Jean
Poiret : La Grande Lessive / Le Mur de l'Atlantique/
un drôle de paroissien / La Grande Frousse
Luis
Mariano : Le Chanteur de Mexico / Sérénade au Texas
Georges
Guétary : Ça sent si bon la Revue / La Route fleurie
/ Cavalcade / La Course à l'émeraude / Pacifico
Brigitte
Bardot : Le Trou Normand
Paul
Meurisse : La Grosse Caisse
Francis
Blanche : Un drôle de paroissiens/ La jument verte
/ La grande Frousse/ La grande lessive/L'Etalon
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